, , , ,

Briser le silence autour des détenus d’opinion. Par Raveh Urahmun

Dans les geôles algériennes, des centaines de femmes et d’hommes croupissent, leurs vies brisées, leurs familles accablées par le silence, incapables de réclamer justice dans l’indifférence glaciale du pays. Des hommes et des femmes, innocents, détenus d’opinion, privés de leur liberté, privés de leur présent, de leur avenir, torturés, humiliés, pour certains jetés dans les couloirs de la mort pour avoir cru simplement à leur droit de parler et de rêver, par amour de leur kabylité et de la liberté.
Seuls le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et la Ligue Kabyle des Droits de l’Homme (LKDH) les tirent de l’ombre. Il est urgent que tous ceux qui vivent encore dans l’illusion de l’unité nationale, cette fiction d’une nation algérienne (par ignorance ou par compromission), comprennent que sans l’émergence de ce mouvement sur la scène politique mondiale, le peuple Kabyle serait en train de cheminer vers sa propre disparition.
Faudrait-il vraiment rappeler que le pouvoir algérien est passé d’une politique d’ethnocide programmée à une politique génocidaire assumée ? Faudrait-il toujours ressasser le massacre de la jeunesse kabyle en 2001, l’assassinat de Lounès Matoub et d’autres étoiles kabyles, les feux criminels de 2021 et des années suivantes, l’abandon en pleine pandémie de COVID 19 et le refus des soins, l’exil forcé, le remplacement de populations, l’incarcération massive de la jeunesse et de l’élite kabyles ?
L’Algérie, enlisée dans le totalitarisme et l’arbitraire, reste sourde aux alertes répétées des défenseurs des droits humains et aux appels des instances internationales.  La répression ne se limite pas aux murs des prisons, à l’incarcération physique ; elle s’étend à l’espace symbolique, là où se construit la mémoire, la contestation et l’indignation collective. Tant que ces détenus restent invisibles dans l’espace médiatique, le pouvoir garde le contrôle sur le récit national empêchant ainsi toute identification de la société à leur combat.
Dans cette entreprise, le régime n’hésite pas à activer ses relais kabyles incarnés par les KDS (Kabyles de service – se référer à « La servitude volontaire d’Etienne de La Boétie). Les autorités, dans une volonté manifeste de dissimulation, refusent de publier des listes officielles, ni de reconnaître leur statut de prisonniers politiques. Elles interdisent aux proches et aux avocats de s’exprimer publiquement, imposant l’omerta par le chantage, le kidnapping, la disparition, dans l’espoir de les effacer du débat public. Une tentative d’éradication de la mémoire collective de la lutte pour les libertés.
Ce silence organisé, imposé autour des détenus d’opinion kabyles est l’expression même du totalitarisme d’Etat. L’objectif est de rendre la contestation illégitime, de nier la pluralité des voix, de condamner à l’oubli ceux qui osent penser autrement tout en échappant à la pression intérieure et internationale. Dans cette stratégie, le pouvoir mêle silence, violence physique et effacement symbolique pour maintenir un climat de terreur généralisée.
Seulement, l’Algérie oublie qu’au cœur même des montagnes et des plaines kabyles, du massif du Djurdjura, de l’éternel Mons Ferratus, jaillit le cri de liberté d’un peuple millénaire, d’un monde fièrement libre, régi par ses propres lois et par la parole donnée, un cri que nul pouvoir, nulle terreur ne pourra désormais faire taire. Il souffle comme un vent impétueux, balayant les immondices du régime, et nettoyant le chemin vers la libération d’un peuple. Cette lumière d’espoir que les détenus suivent du noir de leurs cellules, ne pourra jamais être éteinte.
Exil, le 05/08/2025
Raveh Urahmun

SIWEL 061302 AOU 25
KAB68670 1 G 659 20250806 13:02 UTC+1 FRA/SIWEL-RC2631

Brisez la censure : Partagez cette information

En Algérie, tous les sites d’information kabyles, y compris Siwel, sont actuellement bloqués

Pour contourner cette censure, nous invitons tous ceux qui lisent cette note à partager l’information avec les Kabyles vivant en Kabylie ou en Algérie. Encouragez-les à installer un VPN ou à utiliser un navigateur sécurisé comme TOR. Ces outils, faciles à installer en quelques minutes, leur permettront de retrouver l’accès à des dizaines de sites bloqués et de rester informés.

Votre contribution à diffuser cette information peut faire toute la différence. Merci pour votre soutien !