MONTRÉAL (SIWEL) — La communauté kabyle du Canada a organisé un rassemblement au Square Saint-Louis à Montréal le 17 juin 2017 suivi d’une marche vers le consulat d’Algérie en solidarité avec les souverainistes Kabyles victimes de la répression sauvage du régime colonial algérien mercredi dernier lors de la célébration de la journée de la nation Kabyle en Kabylie. Pour les mêmes causes : dénoncer la brutalité et les abus de la police coloniale algérienne, commémorer les victimes du Printemps Noir de Kabylie et pour célébrer la journée de la nation kabyle un autre rassemblement du MAK-Anavad a eu lieu le même jour devant le Parlement d’Ottawa.
En effet, le régime algérien, encore une fois, a mobilisé son arsenal de guerre contre des manifestantes et manifestants inoffensifs notamment à Azazga, Fort National et Michelet. Il n’est que trop vrai que ce régime, depuis 1962, ne cesse de contrevenir et de faire défaut de plus en plus aux droits du peuple Kabyle. Dans le cas présent, c’est celui de rendre hommage aux milliers de kabyles morts, blessés et disparus durant cette journée mémorable et macabre du 14 juin 2001 sachant que c’est ce même régime algérien qui est l’auteur de cette tragédie. Les militantes et militants ainsi que les sympathisantes et sympathisants du MAK-Anavad ont été arrêtés, malmenés et agressés dans la rue et dans les commissariats du régime algérien le 14, 15 et le 16 juin 2017.
Après avoir observé une minute de silence en mémoire de toutes victimes de la liberté en Kabylie sous le retentissement de l’hymne national Kabyle, plusieurs manifestants ont pris la parole pour condamner la violente répression perpétrée contre les membres du MAK-Anavad et les souverainistes Kabyles. Ils ont tous souligné la nécessité de serrer les rangs pour contrer la sauvagerie des multiples agressions du pouvoir algérien contre des innocents citoyens Kabyles désarmés et pacifiques.
Mass Réda a signalé la politique de débouche, d’arabisation et d’islamisation de la Kabylie par le pouvoir algérien qui investit des sommes faramineuses pour assimiler le peuple kabyle et anéantir sa langue, son identité et ses valeurs. Il a fait référence aussi à l’inertie des partis politiques en l’occurrence le FFS et le RCD face aux pratiques inhumaines exercées par le pouvoir algérien sur les jeunes et les femmes en Kabylie le 14 juin 2017 et les autres fois.
Pour lui, il est impératif d’exprimer une solidarité indéfectible avec les militants du MAK-Anavad qui subissent au quotidien les agressions arbitraires des policiers et des gendarmes du sinistre pouvoir colonial algérien.
Il commencé son discours en citant le rebelle Lounès Matoub: « Il faut garder espoir et le répandre dans nos cœurs malgré ces temps difficiles. Si j’ose critiquer mon frères aujourd’hui c’est bien à contre cœur car je ne veux que le mouvoir ».
« Le mouvement de l’Autodétermination de la Kabylie est porté par la jeunesse kabyle. J’attire l’attention de ses membres pour qu’ils demeurent vigilants face aux méthodes malsaines du régime algérien. Le Mak est un mouvement de paix, un mouvement pacifique et d’union. Le MAK est ouvert à tous les Kabyles malgré nos divergences puisque c’est bien du sein de notre mère Kabylie que nous avons toutes et tous tété la bravoure, l’honneur et la dignité, a déclaré Réda Amrani.
Aujourd’hui, mon cri de cœur va au Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) qui s’est associé avec l’association Iqraa qui assure des cours d’arabe dans l’unique but est celui d’achever la langue kabyle dans les régions les plus reculées de la Kabylie en s’attaquant à sa population âgée pendant que notre langue maternelle est interdite par l’État algérien dans nos écoles à Bouira, Bejaia et Tizi-Ouzou. Pour décamper cette gangrène unissons-nous. Unissons-nous pour alléger notre fardeau, a conclu l’orateur.
Mass Kamel s’est lancé dans le même sens en affirmant l’indigence de stopper la propagation de la langue arabe en Kabylie qui déconsidère profondément la langue kabyle puisque la progression de l’arabe se fait toujours au détriment du kabyle. Cette influence, d’après l’orateur se remarque même sur les réseaux sociaux entre autres sur Skype et Facebook. Un peuple ne peut survivre sans sa langue maternelle. Les kurdes ont bien compris ce principe. Alors ils ont mis barrage définitivement à la langue arabe, en l’interdisant.
Mass Blaid a dénoncé la politique de spoliation et de dépouillement que le régime algérien a réservée à la Kabylie. Pour lui, ce sont tous les Kabyles qui doivent s’impliquer dans le combat de la libération de la Kabylie et l’existence de la nation kabyle est un fait.
« La Kabylie est vilipendée, la terre Kabyle est stigmatisée et isolée. Elle est envahie par les salafistes intégristes. Nos uses et costumes, nos valeurs et nos traditions se dissipent de plus en plus de par la volonté et l’outrance du régime algérien et ses alliés, a avancé Blaid.
« Mes frères et sœurs Kabyles, la question Kabyle concerne tous Kabyles et ce n’est pas seulement une affaire du Mouvement d’Autodétermination de la Kabylie. Dans de telles circonstances, il faut penser à la Kabylie. Je veux aussi m’exprimer au sujet de ce drapeau kabyle qui est le mien. Il est celui de la Kabylie surtout. Toutes les nations du monde ont leur propre drapeau qui les représente.
Je ne suis pas ici parce que je suis militant du MAK mais je suis ici parce que je suis un Kabyle. Je suis ici parce que ce drapeau me représente. Je suis ici parce que mon père est un martyr de l’indépendance. Il n’est pas mort pour le Sahara ni pour le pétrole ni pour l’Algérie mais il est mort pour la liberté. La liberté au sens propre et au sens large du terme. Mon père est mort pour la Kabylie. Il ignorait l’existence de ce désert lorsqu’il s’est engagé dans le combat conte l’ennemi.
Mes chers kabyles, là où vous êtes, vous avez le devoir de dire non à la spoliation de la culture kabyle. Vous avez le devoir de dire nous sommes tous des Kabyles quelque soient nos idées et quelque soient nos opinions. Notre ennemi, le seul ennemi que nous avons, c’est le pouvoir algérien qui fait semblant de dire que nous sommes tous des frères alors que ce n’est pas vrai.
Nous les kabyles, nous sommes des frères, les autres imposteurs sont nos ennemis. J’espère qu’avec cela vous allez prendre conscience de votre existence et l’existence de la nation kabyle. Votre Nation, a-il- complété.
Mass Nordine, une victime de la marche historique du 14 juin 2001, a pris la parole pour dénoncer la lâcheté de ce guet-apens rendu plus ignoble en s’en prenant aux femmes et aux vieilles Kabyles sans défense.
» Petits et grands, azul honorables Kabyles ! Vous êtes toutes et tous conscients de l’envergure et l’importance du rassemblement d’aujourd’hui. Vous savez ce que le pouvoir despotique algérien nous fait subir, fait subir à notre peuple. Vous êtes au courant des 127 Kabyles assassinés par le régime algérien en 2001. Seize ans après, nos plaies et nos blessures saignent toujours à cause de ce pouvoir mafieux et criminel.
Le voici avec le même visage et même hérésie entrain de tabasser nos femmes, nos vieilles et nos hommes sans ménagement aucun. Le voici dressant de faux barrages et planifiant les kidnappings de nos enfants en Kabylie. L’Algérien renie et rejette tout Kabyle qui revendique sa kabylité ou sa Kabylie, a ajouté le blessé de 2001.
Nordine a insisté sur la nécessité de demeurer solidaire et fier de la bravoure de la jeunesse kabyle qui refuse courber l’échine. La force du peuple kabyle c’est son union et c’est de cette manière qu’il parviendra à sauvegarder sa dignité.
« Peuple Kabyle, je vous interpelle pour que vous demeuriez solidaire ! Notre union et notre unité n’ont jamais été aussi urgentes qu’aujourd’hui. J’ai de la difficulté à me tenir debout ou assis longuement. Le pouvoir algérien m’a mutilé, je ne lui pardonnerai jamais ! Une vieille octogénaire l’ont traînée à Azazga et madame Rachida Ider l’ont mise dans un malheureux état !
Avant, les autorités algériennes retenaient nos militants quelques heures mais maintenant elles les retiennent plus longtemps et à ce rythme ces persécuteurs vont bientôt débarquer dans nos maisons pour nous arrêter et nous agresser.
Mes frère et sœurs, faute de notre union, ils vont nous broyer. Nous devons nous unir pour briser les chaines de la tyrannie du pouvoir algérien. Les acteurs de Printemps Noir ont rompu avec le déni imposé par le régime colonial et à nous de mettre fin à l’asservissement qu’il nous inflige.
Notre chantre Matoub Lounès a dit : « Si les kabyles vont s’unir les montagnes vont vibrer ». Il n’y aura pas de pardon ! Je dis au pouvoir colonial algérien que je n’oublierai jamais, je ne te pardonnerai jamais et reste que c’est la voie de Mass Ferhat Mehenni, la voie de l’indépendante, que j’ai choisie, a-t-il conclu.
Hafid Saadi, Mourad Nataycuc, Djamal B., Mourad Itim, Nadia, Faroudja et d’autres intervenantes et intervenants ont tous affirmé que l’union de tous les Kabyles demeure l’ultime solution pour préserver la Kabylie de ses ennemis en l’occurrence l’État algérien qui utilise tout les moyens pour anéantir l’identité kabyle depuis plus d’un demi-siècle. Pour le régime algérien, tous les Kabyles sont des arabes du moins par leur pièce d’identité. En réalité ce n’est qu’un leurre…un mensonge car quand on est un vrai Kabyle on ne peut être autre que Kabyle.
Nulle ne peut imposer au peuple Kabyle une autre culture, une autre identité et une autre histoire que les siennes. La Kabylie est la terre des femmes et hommes libres, une patrie insoumise et un territoire distinct, disent-ils.
La Kabylie n’a jamais connu un mouvement aussi organisé, aussi engagé ou aussi marquant que le Mouvement de l’Autodétermination de la Kabylie. Le MAK-Anavad est un garant de sa libération. La présence massive de jeunes enfants lors de cette manifestation augure un avenir prometteur pour la nation kabyle.
Boualem Afir
SIWEL 190752 Jun 17 UTC