Très chers compatriotes,
La semaine d’enfer que je viens de passer en Kabylie, du fait des services coloniaux algériens, est sans commune mesure.
Permettez-moi, avant tout, de vous remercier du fond du coeur pour vos innombrables messages de soutien qui m’ont réconforté et aidé à supporter, tant bien que mal, ce douloureux épisode de ma vie de militant pour notre indépendance ; épisode démoniaque s’il en est.
48 heures sur 72 passées dans les commissariats du pouvoir colonial n’ont pas altérée ma détermination d’y aller de l’avant.
À la question d’un officier-enquêteur de la centrale de Vgayet qui voulait savoir si je suis indépendantiste, question pour le moins biscornue, j’ai répondu sans hésiter que je le suis et que je le serais jusqu’à la dernière de mon sang.
Compte tenu que mon action s’inscrit dans le cadre du droit international et des conventions de l’ONU que l’Algérie a ratifiés, je n’ai pas a courber l’échine devant les intimidations et les menaces, à peine voilées, me signifiant que je risquais gros.
Je dois, par ailleurs, reconnaître que les enquêteurs auxquels j’ai eu affaire ne m’ont pas brutalisé ni maltraité physiquement et oralement.
À part la pression psychologique, à travers certaines questions, je n’ai pas eu à subir des dépassements incontrôlés. Le commissaire divisionnaire de Vgayet a été d’une correction irréprochable à mon égard.
Ce constat dénote, à n’en plus douter, qu’une bonne partie des policiers kabyles sont au fond d’eux-mêmes convaincus que la solution réside dans l’indépendance de la Kabylie. Je me suis même permis, pendant l’interrogatoire, de dire à l’un d’eux que la Kabylie indépendante aura besoin de leur expérience et que, par conséquent, ils auront à continuer leur devoir de sécurisation de la société kabyle.
La police, la gendarmerie, la b.R.I et les services ont été mobilisés durant toute la semaine pour me rendre la vie impossible, croyant que j’étais là pour l’organisation et le déroulement du congrès.
Un des policiers en civil m’a fait entendre que si je m’attèle à organiser le congrès, ils ont eu pour ordre de me retirer mon passeport, ajoutant qu’une suite fâcheuse peut s’en suivre.
Je suis à présent convaincu que l’appel, de Mas Aselway, aux policiers kabyles a bien été entendu et pris en compte.
De fait, les policiers kabyles ne s’aventurent pas à agresser, physiquement et verbalement, nos militants.
Il est évident que certains d’entre eux font du zèle et veulent plaire à leurs maîtres d’Alger pour essayer de gagner des galons sur le dos des indépendantistes. Ceux-là doivent savoir que nous les inscrivons sur une liste noire et que tôt ou tard ils auront à répondre de leur comportement déplacé, face à la justice de la République Kabyle.
Je les rassure, malgré tout, qu’ils ne connaîtront aucun châtiment ni aucun traitement inhumains de la part de notre future institution judiciaire, car nous ne sommes pas de minables revanchards.
Ceci dit, je vous passe le contenu des 48 heures passées dans les commissariats, qui étaient loin de ressembler au repos du guerrier.
Pendant toute la semaine j’étais suivi dans tous mes déplacements par une voiture occupée par deux policiers en civil qui surveillaient tous mes faits et gestes.
Mercredi 21/11/18, en sortant de chez moi, à Capritour, vers 14h00, je les ai vus me suivre après que j’ai démarré.
En sortant du site, au bout de deux cents mètres je décide de m’arrêter et d’y aller les voir. Aussitôt, l’un d’eux s’est mis à m’expliquer qu’ils ont reçu des instructions pour « assurer ma sécurité » tout le long de mon séjour. Il me dira, en substance, que les autorités supérieures ne souhaitent pas qu’il m’arrive une mésaventure, sous peine d’être accusés d’un mauvais coup qui me serait éventuellement réservé. En réalité ils avaient pour mission de m’empêcher de tenir des réunions et de remplir ma mission.
À présent, je m’adresse à vous tous et à vous toutes pour vous dire que nous marquons de plus en plus de points dans notre lutte indépendantiste.
La panique des autorités coloniales arabo-obscurantistes est bien la preuve qu’elles sont aux abois et qu’elles sont sûres que nous allons accéder à notre indépendance. Anecdote pour anecdote, un des policiers en civil, arabophone, m’a soufflé à l’oreille, en aparté, que nous allons obtenir notre indépendance quoi qu’il arrive.
Mot à mot, il m’a dit : « TEDDIWHA TEDDIWHA l’indépendance DYAL KUM » (Vous allez l’avoir, vous allez l’avoir votre indépendance !)
S’il y’a encore des Kabyles qui doutent du bien fondé de notre combat libérateur, je les invite à méditer cette réplique d’un policier arabophone qui reconnaît que la Kabylie finira bien par obtenir son indépendance !!! Prenez-en de la graine pauvres Kabyles, esclaves d’une idéologie de l’âge de pierre.
Tayeb Abdelli, nom originel Ṭeyyev n At Σemṛuc.
SIWEL 271200 NOV 18