FORMATION (SIWEL) — Nous sommes amenés, en tant que militants indépendantistes, à défendre notre cause et répondre aux différentes interpellations des citoyens kabyles sur le projet politique que nous leur proposons. Partout où nous nous trouvons, nous avons la mission de susciter des adhésions qui feront grossir nos rangs et faire basculer les opinions publiques de nôtre côté.
Partie IV : Savoir argumenter pour convaincre et persuader
L’État colonial algérien, à travers ses serviteurs et sa clientèle fidèle ou de circonstance, ne cessera jamais de vouloir diaboliser notre mouvement de libération pacifique en ayant recours aux attaques personnelles, à la diffamation et à la propagande. Nous devons être en capacité d’y répondre et mieux encore, d’ébranler les thèses soutenues par ses alliés. Par conséquent, il est important que les militants indépendantistes sachent comment se construisent les arguments fallacieux, comment les démolir tout en bâtissant des discours argumentés, fiables, crédibles et inattaquables.
Vous vous êtes déjà posé la question de savoir pourquoi vous achetez un produit de telle marque plutôt qu’une autre ?
Savez-vous pourquoi vous allez dans un café, une épicerie, une boulangerie… plutôt que d’autres ?
Vous pensiez être maître de votre décision et que vous avez en toute circonstance la liberté de choisir ?
Vous choisissez un produit plutôt qu’un autre parce que vous avez jugé que les arguments étaient convaincants ou persuasifs. Parce que la majorité a opté pour ce même produit ou tout simplement parce que le vendeur, le serveur ou le commerçant est sympathique, souriant et avenant.
Dans tous les cas nous faisons face au seul pouvoir praticable qui est : L’influence.
Quels sont les outils d’influence les plus efficaces ?
- Les arguments
- La stratégie
- La séduction
Influencer, c’est adapter son comportement à la psychologie de l’autre, pour se donner plus de chances d’obtenir ce que nous souhaitons. En politique, il s’agit de susciter les adhésions réfléchies et rationnelles et/ou des sympathies par l’émotionnel à nos thèses (opinions, points de vues et idées).
Reconnaître les arguments fallacieux (les sophismes) :
Pour se défendre efficacement contre les influences et les manipulations auxquelles peuvent s’adonner nos contradicteurs, nos ennemis et nos adversaires, il est nécessaire de savoir comment déceler les arguments fallacieux (basés sur un faux ou un mensonge).
Les arguments fallacieux, connus sous le nom de sophismes, sont utilisés d’une façon intentionnelle et préméditée dans le but de vous tromper. Il faut les distinguer des paralogismes qui sont des erreurs de raisonnement. Pour cela, il vous suffit d’identifier votre interlocuteur et ses véritables intentions. Nous jugeons qu’un argument est fallacieux parce que dans sa forme, il n’est pas conforme à la logique. Néanmoins, les conclusions qui découlent d’un argument fallacieux peuvent être vraies ou fausses en utilisant d’autres arguments.
Il existe différentes typologies de sophismes inventoriées et décrites par les philosophes et les penseurs. Ci-dessous une typologie qui reprend quelques uns des sophismes les plus courants dans les discours qui visent à convaincre ou à persuader :
- L’appel à l’autorité : L’affirmation est vraie car a été formulée par un « expert »
C’est un argument par lequel on fait référence à une autorité politique, morale, scientifique reconnue ou experte. Nous tenons une affirmation pour vraie de fait qu’elle a été formulée par une figure d’autorité. En vérité, une affirmation ne peut pas être vraie ou fausse uniquement parce qu’elle est formulée par tel ou tel expert. Le croire, c’est refuser de penser par soi-même. C’est un peu comme s’imaginer que la racine carré de 9 est 3 uniquement parce que le professeur de mathématiques le dit et non parce que toute personne humaine normalement constituée pourrait vérifier d’elle-même que multiplier le nombre 3 par lui-même (3) donne bel et bien 9. Bien sûr qu’il faut faire confiance aux savoirs accumulés et reconnus des autres. Il ne faut simplement pas croire aveuglement ce qu’affirment des « experts ».
Certaines entreprises recrutent des experts connus et reconnus pour apporter un argument d’autorité et de crédibilité à leurs produits. Nous avons déjà vu de très grands chirurgiens-dentistes apporter une caution intellectuelle pour certaines marques de dentifrices.
- Appel à la popularité: L’affirmation est vraie car la majorité le pense
Par cet argument, on tente de convaincre que l’affirmation est vraie du fait que la majorité le pense.
Cet argument est utilisé abusivement dans les campagnes publicitaires pour nous vendre un produit ou un service. Derrière cet argument grossier, se cache un appel à l’autorité. En effet, on veut vous convaincre que ne pas penser comme la majorité c’est être contre l’autorité suprême qui est le peuple.
Ce sophisme revient assez souvent dans les débats politiques. Et en l’absence de statistiques ou de sondages fiables, nos adversaires ne cessent de nous marteler que la majorité des kabyles est contre le projet indépendantiste. Le comble, c’est qu’ils nous demandent à nous de leur apporter la preuve !
En règle générale c’est à celui qui avance une affirmation d’apporter les éléments de preuves, et non l’inverse.
- Faux dilemme – L’alternative – Fausse dichotomie
Par cet argument fallacieux, le sophiste tente de vous convaincre qu’une chose est vraie parce que son alternative présumée est fausse. Or, dans les faits il n’y a pas nécessairement que deux alternatives, il y en a peut-être plusieurs. C’est un peu comme dire soit c’est noir ou c’est blanc. En vérité, il n’y a pas que le blanc comme alternative au Noir (bleu, jaune, rouge…Etc.).
Si tu es pour l’indépendance de la Kabylie, alors tu es un séparatiste et contre l’Algérie.
Voici un exemple lu sur Facebook : « D’après Plusieurs responsables dans le secteur d’alcool : Une baisse significative de la vente d’alcool est enregistrée en Kabylie. Devrons nous nous réjouir et dire que c’est une prise de conscience par rapport à ses méfaits, ou alors c’est la conséquence directe de la montée de l’islamisme, et dans ce cas là ça fait froid dans le dos ».
D’après ce commentaire, s’il y a une baisse de consommation d’alcool c’est forcément pour deux raisons (deux alternatives présumées) : Soit une prise de conscience quant aux méfaits de celui-ci, soit la montée de l’islamisme. En vérité, plusieurs autres explications sont possibles. Pire encore, l’argument est une fausse dichotomie aggravée par l’erreur courante du langage, qui est de prendre deux choses différentes pour des contraires sur le plan logique. L’auteur de ce commentaire nous force à choisir entre l’une ou l’autre alors que les deux peuvent coexister ensemble, absolument, dans une certaine mesure ou encore sous certaine condition. La baisse de la consommation de l’alcool et la montée de l’islamisme sont deux faits différents qui ne sont pas liés par la causalité dans l’absolu.
Et comme je connais bien l’auteur de ce commentaire, je peux vous confirmer qu’il s’agît tout simplement d’un paralogisme. Soucieux d’alerter sur la montée de l’islamisme, il a commis une erreur de raisonnement logique. L’affirmation et l’hypothèse peuvent être vraies ou fausses mais le raisonnement n’est pas valide sur le plan de la logique.
- Généralisation hâtive :
Cet argument fallacieux est assez fréquent au point que nous le confondons parfois avec un défaut de langage qui est l’ambiguïté. Or, la généralisation hâtive est bien un sophisme qui a pour objectif de nous tromper. Par cet argument on tente de nous convaincre que telle affirmation est vraie parce que si il y a un élément dans un ensemble d’éléments qui présente une caractéristique, tous les éléments dans l’ensemble présentent également cette même caractéristique. Dans la réalité, les choses sont rarement aussi simples. Il arrive bien souvent qu’une caractéristique ne soit pas un trait commun à l’ensemble des éléments, mais un trait particulier à certains des éléments faisant partie de l’ensemble.
Exemple :
-Tel homme d’affaire riche est avare, alors tous les riches sont des avares.
-Et Bill Gates alors ?
Lu sur Facebook : « Les nombreux incendies en Kabylie sont dus aux nombreuses bouteilles de bière jetées dans la nature. Le verre agît comme une loupe, voilà pourquoi il faut interdire l’alcool en Kabylie »
Vous conviendrez avec moi qu’il y a dans ce commentaire une multitude d’arguments fallacieux. Cependant, limitons nous à celui qui concerne la généralisation hâtive :
-Les bouteilles de bière sont en verre.
-Les loupes sont en verre et il est possible de déclencher une flamme avec une loupe.
=> généralisation hâtive : tous les verres peuvent être à l’origine d’une flamme, donc d’un incendie.
Or, le verre des bouteilles d’alcool (vin et bière) sont conçus pour empêcher l’intrusion des spectres lumineux qui peuvent endommager les contenus, d’ou le choix délibéré d’une couleur sombre. Le verre des bouteilles de bière n’a de commun avec les loupes qu’une seule caractéristique (la matière), c’est pourquoi cette généralisation par analogie est un argument fallacieux.
- Attaques personnelles/ argumentum ad hominem :
L’argument ad hominem est une stratégie qui consiste à opposer à un adversaire ses propres paroles ou ses propres actes. Il s’agit de discréditer la personne plutôt que la position qu’elle défend. L’idéal est bien de montrer la contradiction entre les propos et les agissements. C’est la mise en évidence du « Fais ce que je dis et non pas ce que je fais ». Dans ce sophisme, on ne s’en prend plus aux arguments de l’autre, on s’en prend à l’autre personnellement, en attaquant sa légitimité, en lui prêtant des intentions qu’il n’a peut-être pas ou pour lesquelles on ne peut apporter de preuve. Il s’agît d’éliminer l’autre de la partie par tous les moyens disponibles.
Vous trouverez sur Facebook et dans la presse algérienne de nombreux exemples d’attaques personnelles contre le président du MAK-Anavad et plusieurs militants indépendantistes. L’objectif est bien évidemment de disqualifier ceux qui portent le projet de libération à défaut de pouvoir s’attaquer au projet lui-même.
- L’épouvantail :
Dans un argument fallacieux qui procède suivant le moyen nommé « épouvantail », on commence par prêter à l’adversaire des propos qu’il n’a jamais tenu ou en les déformant et caricaturant, puis les démonter correctement.
Ce sophisme est très utilisé dans les contextes partisans. Ce qui est recherché ce n’est pas de démonter les arguments adverses mais de les caricaturer par des propos habilement inventés. Certes, dans cette façon de procéder, nous démontrons de l’inventivité, mais aussi un déficit de raison et d’honnêteté.
Si vous voulez approfondir le sujet sur les sophismes et les différentes typologies, je vous invite à consulter la bibliographie en bas de texte et qui m’a permit de vous présenter ce thème.
Argumenter : Pourquoi et comment ?
Argumenter c’est définir la stratégie la plus efficace pour :
- faire connaître sa position, sa thèse;
- la faire admettre à un lecteur ou à un auditoire;
- ébranler des contradicteurs, faire douter un adversaire, faire basculer les indécis;
- contredire une thèse opposée, critiquer une position contraire ou éloignée;
- démontrer avec rigueur, ordre et progression;
- servir une cause, un parti, une foi…
Argumenter, c’est vouloir convaincre, persuader ou délibérer.
Si argumenter c’est présenter sa thèse, son opinion et son point de vue ou à contrer les thèses adverses, cette tentative a pour objectif dans le même temps à agir sur l’interlocuteur en cherchant à le convaincre ou à le persuader.
Argumenter, c’est donc expliquer et appuyer une opinion que l’on veut faire adopter, partager en tout ou en partie. On cherche alors à convaincre par l’usage de la raison et à persuader en faisant appel aux sentiments et à l’affectivité.
Dans nos structures en interne, nous utiliserons l’approche par la délibération. Sur un sujet donné, nous allons entrer en discussion dans une délibération soit par un monologue solitaire, en analysant les différentes thèses et opter pour la meilleure ou bien à travers un dialogue collectif en confrontant les différents points de vue et aboutir à la meilleure solution.
Convaincre c’est faire appel à la raison, aux facultés d’analyse et de raisonnement, à l’esprit critique du destinataire pour obtenir son accord après mûre réflexion. Pour se faire, nous utilisons des arguments, c’est-à-dire des éléments de preuves pour étayer notre thèse. Les arguments sont présentés avec un raisonnement qui peut être déductif, inductif, concessif, par analogie…
Il est généralement conseillé lorsque nous avons à faire à un auditoire composé de plusieurs personne d’utiliser le raisonnement déductif, car il est plus efficace. Il s’agît de présenter selon un ordre choisi les prémisses, les conjectures et les postulats, desquels découlent les propositions, les conclusions et les affirmations. L’utilisation des connecteurs logiques, essentiellement ceux de la causalité, sous formes de balises, assurent à l’orateur de capter l’attention de son auditoire.
Si votre cible qui est destinataire de votre message n’est pas clairement identifiée – difficile dans le cas d’une salle avec une centaine de personne d’identifier si l’auditoire est acquis préalablement à vos thèse ou pas – il est conseillé de présenter des éléments factuels – car les faits sont neutres – pour appuyer votre discours argumentaire.
Persuader c’est faire appel aux sentiments ou aux émotions :
Pour défendre sa thèse, l’orateur s’appuie sur un ensemble de principes universels ou partagés par la majorité de son auditoire, tels la vérité, la sincérité… ou sur des valeurs et références culturelles communes qui font naître une complicité propice à l’adhésion tels les traits d’esprit, l’intertextualité (citations, proverbes, dictons), allusions…
Il faut savoir impliquer les destinataires des messages et leur faire considérer que notre thèse est aussi la leur. L’utilisation de « nous » au lieu de « je » peut permettre de créer une communauté d’intérêts.
Il est conseillé également de prendre ses interlocuteurs en témoin au moyen d’interrogations oratoires dont il n’attend pas de vraies réponses. Ces fausses questions sont simplement destinées à animer le discours et à varier le mode de l’affirmation. L’adhésion recherchée est plus viscérale que réfléchie. Ainsi, le locuteur peut jouer sur les émotions fortes comme l’indignation face à l’inacceptable ou l’enthousiasme pour susciter la révolte face à l’injustice.
Il faut être vigilant quand à l’emploi excessif d’un discours qui a recours au registre du pathétique. En effet, la volonté de vouloir persuader à tout prix peut virer rapidement dans la manipulation.
Faut-il convaincre ou persuader ?
Disposer d’un argumentaire solidement construit et irréfutable c’est très important pour notre mouvement indépendantiste qui aspire à convaincre les indécis de nous rejoindre. Néanmoins, il ne faut pas faire l’erreur de croire que le langage de la raison est compris par tout le monde. En effet, nous ne gagnerons pas les cœurs de la majorité de nos citoyens en leur disant simplement la vérité, au sens que ce mot a dans la science. Nous pourrons certainement gagner le soutien d’une bonne part d’intellectuels et de scientifiques en développant des discours qui font appel à la raison. Si nous voulons gagner la bataille de l’opinion, nous aurons également besoin d’ajouter une bonne dose de l’art de persuasion, en exploitant les savoir-faire issus des études de la psychologie des masses.
En résumé, il nous faut trouver le juste équilibre entre ce que nous pouvons dire de mieux pour respecter la vérité et l’intelligence de notre interlocuteur et ce que nous devons dire lorsqu’on sait qu’à notre époque, les sentiments et les images fortes touchent mieux le plus grand nombre que les raisonnements justes.
Pour mieux illustrer ce qu’est un discours politique argumenté qui vise à convaincre et à persuader, j’ai par un heureux hasard visionné un extrait vidéo qui circule sur internet depuis quelques temps sous le titre « Ferhat Mehenni vous fait un cours d’histoire que vous ne trouverez pas dans les écoles »
Ce passage vidéo est extrait d’une conférence animée en 2008, au village Tazrart –Makouda, par M. Ferhat Mhenni qui était alors le porte-parole du MAK.
Texte de l’extrait vidéo (traduction littérale)
«… lorsqu’ils ont assassiné Germah Massinissa, il y a eu un soulèvement populaire en Kabylie avec l’assassinat de plus d’une centaine de citoyens kabyles. Nous avons attendu un soutien des autres algériens, en vain. Nous nous sommes retrouvés seuls !
En 1963, quand Si El Hocine (Aït Ahmed) a crée le FFS et a voulu s’opposer à la confiscation de l’indépendance par Ben Bella, il a ramené un homme de chaque région d’Algérie pour inciter tout le peuple à le suivre. Lorsque la guerre a commencé, seule la Kabylie a suivi. En 1963, en 1980 et en 2001, la Kabylie s’est retrouvée à chaque fois seule à se battre contre le régime politique tyrannique algérien.
Tant qu’ils nous emprisonnaient, moi-même emprisonné injustement 12 fois ;
Tant qu’ils nous invectivaient et nous injuriaient par le biais de leurs médias (journaux et télévision) ;
Tant qu’ils nous matraquaient et nous tabassaient dans les rues ;
Nous avons dit « les insultes ne sont rien que des mots et les crachats ce n’est rien que de l’eau » ;
Lorsqu’ils ont tiré avec des armes de guerre sur nos enfants, ils ont franchi la ligne rouge et nous ne pouvons plus faire comme si rien ne s’est passé.
Nous les Kabyles, nous sommes un peuple Oui ou Non ?
Si nous sommes un peuple alors nous avons nos droits comme tous les peuples du monde.
Si nous ne sommes pas un peuple alors pourquoi se battre ? Redevenons des Arabes et le problème est vite réglé !, c’est clair et net… »
Le discours qui est tenu ici est très intéressant sur les plans pédagogique et didactique. Par ailleurs, nous disposons avec cet extrait, non seulement d’un cours d’histoire mais d’un véritable cours de philosophie politique et d’une leçon complète sur la structuration d’un argumentaire qui vise à convaincre et persuader en même temps.
- L’objectif de ce discours peut être clairement identifié : Convaincre et persuader l’auditoire que la Kabylie est bien un peuple distinct des autres peuples de l’Algérie, que les revendications culturelles ont montré leur limite et qu’il faut passer à la lutte politique
- Utilisation d’un raisonnement par déduction : C’est la structure la plus efficace pour capter l’attention de l’auditoire, avec l’utilisation des connecteurs logiques de causalité.
Cette structuration se présente par l’énumération des événements du moins important vers le plus important et se terminent par une conclusion.
- La crédibilité avec la référence à des faits incontestables pour appuyer sa thèse : 1963, 1980, 2001 : on peut discuter autour des faits mais jamais sur les faits. C’est exactement ce qu’il fait en apportant sa propre lecture autour de chaque événement.
- Partage de la conviction : Les mots utilisés, l’intonation de la voix et la gestuelle témoignent d’un investissement personnel et une détermination qui engagent les interlocuteurs. On ne peut pas convaincre ou persuader si on ne l’est pas soi-même.
- Prise en compte de la réalité des destinataires : Vous ne pourrez pas convaincre les autres si vous ne prenez pas en compte leurs logiques. Dans ces passages de la conférence, M. Ferhat Mehenni, en homme politique expérimenté, a su se mettre au niveau de son auditoire. Il fait son intervention dans une langue comprise par tous, en utilisant des mots simples et clairs. Il a veillé à éviter toute erreur de langage dans le souci de transmettre son message sans distorsion et sans dégradation : principe de non-contradiction, le différent et le contraire, les mots ambigus…etc.
- L’utilisation des techniques de persuasion :
- L’implication de l’auditoire dans sa thèse en utilisant le « Nous » (Tant qu’ils nous…. Nous les Kabyles).
- Références à des valeurs culturelles communes : pacifisme, traits d’esprit et intertextualité avec des citations typiquement kabyles.
- interrogations oratoires dont il n’attend pas de vraies réponses (nous les Kabyles, nous sommes un peuple oui ou non…)
Il y a énormément d’enseignements à tirer de ce discours. Par conséquent, je conseille aux militantes et militants qui n’ont pas encore visionné cet extrait vidéo de le faire. Et à la lumière de cette contribution, vous avez la possibilité de visionner d’autres discours politiques et faire votre propre analyse, en soulignant les points forts et les points faibles.
Ma citation préférée sur ce sujet : « Rien n’est stupide comme vaincre ; la vraie gloire est convaincre. » Victor Hugo, Les misérables.
bibliographie :
- Aristote, Réfutation des sophistes, dans le site de Philippe Remacle et al.
- Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Lux éditeur, 2006, 344
- Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Presses universitaires de Grenobles, 2002.
- Arthur Schopenhauer, L’Art d’avoir toujours raison, dans Wikisource.
Lire aussi :
- la 1ère partie : Militant indépendantiste, définitions et recommandations
- la 2ème partie : Comprendre les conflits, savoir les gérer ou les anticiper
- la 3ème partie : Savoir communiquer (les outils pour bien communiquer en interne)
Hacène At Amar Wali
SIWEL 181654 Aug 17 UTC