FORMATION (SIWEL) — L’indépendance de la Kabylie est une cause noble qui doit concerner tout le monde. Militer pour cet idéal est sans doute passionnant, galvanisant et enrichissant sur le plan personnel. On accueille chaque étape franchie vers la libération de la Kabylie avec fierté et avec un sentiment d’émancipation individuelle et collective face au colonisateur algérien oppresseur. Militer pour l’indépendance de la Kabylie, c’est sans doute également des sacrifices à consentir, une discipline à respecter, des notions et des bonnes pratiques à adopter.
C’est Ainsi que nous publierons plusieurs articles à destination des militants indépendantistes, un dossier de formation. Ces articles ne sont pas des documents officiels du MAK-Anavad bien qu’ils seront éventuellement repris, partiellement ou complètement, dans un prochain Guide du militant. Prière à toute personne désirant contribuer dans ce sens de nous contacter.
Hacène At Amar Wali, haute cadre dans le management en France, et militant pour l’indépendance de la Kabylie, nous fait l’honneur de développer, en 5 parties, quelques outils, notions et bonnes pratiques à destination des militants-es indépendantistes kabyles. Ci-dessous la première partie.
Quelques Outils, notions et bonnes pratiques à destination des militants-es indépendantistes Kabyles
Dans cette contribution, nous allons aborder différentes thématiques liées au militantisme au sein des différentes structures du MAK-Anavad. L’objectif est de transmettre quelques notions, techniques et bonnes pratiques aux militants et aux responsables des structures de base.
Dans un souci de pédagogie et d’efficacité, nous allons répartir cette contribution en plusieurs parties comme suite :
Partie I : Militant indépendantiste : définitions et recommandations
Partie II : Savoir gérer les situations conflictuelles ou les anticiper.
Partie III : Savoir communiquer
Partie IV : Savoir Argumenter et convaincre
Partie V : Savoir s’organiser : efficacité et efficience.
Partie I : Le militant indépendantiste : définitions et quelques recommandations
Militer dans un mouvement indépendantiste n’est pas si simple. C’est encore plus difficile lorsqu’il faut faire face à un État colonial qui ne respecte ni les droits, ni les libertés individuelles et collectives. L’engagement militant au sein du mouvement pour l’autodétermination du peuple Kabyle est en soi un acte de bravoure, de conviction et de détermination. Les militants savent à quoi ils s’exposent et pourtant, ils ne manquent pas de détermination.
Si l’évidence est qu’il n’est pas simple d’être militant du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, il faut le dire aussi, il n’est pas possible d’être un militant simple, tant l’objectif et les moyens de lutte exigent un savoir-faire et un savoir-être irréprochables. Pour une meilleure efficacité et une meilleure efficience, il faut se former et partager ses savoirs avec les autres militants. L’idéal d’indépendance pour lequel nous nous battons pacifiquement, nous incite à éviter un fonctionnement aléatoire et des actions improvisées.
Il est vrai que beaucoup d’autres peuples sont engagés dans une lutte politique et pacifique pour leur autodétermination. Cependant, chaque mouvement indépendantiste agît selon sa réalité historique, géopolitique, sociologique…etc. Il n’existe nulle part dans le monde un mouvement politique semblable au nôtre. Nous sommes les précurseurs d’un mouvement politique libérateur, inédit sur le continent africain. Nous avons la responsabilité historique de montrer la voie aux autres peuples de notre continent qui aspirent à se libérer du joug de la colonisation. Par conséquent, nous devons œuvrer tous ensemble à hisser le niveau de formation de nos militantes et militants. Nous allons gagner la bataille de l’opinion publique Kabyle et internationale si nous arrivons collectivement à déployer nos stratégies et nos tactiques en privilégiant la réflexion, la créativité et une bonne organisation.
Le MAK-Anavad est un mouvement politique, par définition non-violent. Le Mouvement a besoin d’actions en continu, dont l’objectif n’est pas d’atteindre physiquement l’ennemi mais bien de l’affaiblir et le contraindre.
Un mouvement politique indépendantiste n’est pas dans la soumission passive. Il œuvre à trouver un rapport de forces suffisant en gagnant la bataille de l’opinion publique.
Contrairement à un parti politique classique où le militantisme peut se faire d’une façon occasionnelle, comme lors des périodes électorales, un militant indépendantiste est en action 24h/24 et 7j/7. Il est observé, critiqué et surveillé. Il reflète dans sa vie de tous les jours l’image du combat qu’il mène.
Le savoir-faire et le savoir-être sont indispensables pour convaincre son entourage de la justesse de l’idéal qu’il défend. La réflexion, l’action et la discipline font partie de ce triptyque indissociable et déterminant pour l’atteinte des objectifs.
Un mouvement indépendantiste, totalement différent d’un parti politique, ne peut que disposer de son propre fonctionnement et sa propre organisation. Une structuration à la verticale avec moins de paliers de décision dans un souci d’efficacité.
Inutile donc de tenter d’imiter le fonctionnement des partis politiques classiques ; à savoir l’organisation des conseils nationaux, des congrès, des conférences….
L’autonomie du fonctionnement et d’actions accordée pour les structures représentatives du mouvement ne les exempte pas de la concertation permanente avec les structures hiérarchiques. La structure de base (la section) tout comme les structures intermédiaires (coordinations locales/régionales) doivent agir comme des prestataires de service pour le MAK-Anavad.
Les instances dirigeantes -présidence et gouvernement provisoire- ont pour rôle de donner les orientations générales, d’évaluer les actions et les besoins, et de veiller à une meilleure coordination des structures.
La discipline militante c’est de veiller au strict respect des instructions, des orientations et d’un règlement de fonctionnement qui s’applique à tout un chacun quelque soit ses responsabilités et ses missions au sein du mouvement.
La réflexion précède souvent l’action pour garantir une meilleure efficacité. En effet, les objectifs doivent être préalablement établis et systématiquement mesurés à la fin de chaque action, afin de cibler les correctifs à apporter ou pour analyser les éléments qui ont permis sa réussite. D’une façon générale, nous avons tendance à faire des feed-back (retour sur expérience) uniquement lorsque des dysfonctionnements ou des lacunes ont été constatées. Rarement lorsque les succès sont au rendez-vous. Or, il y a des leçons à retenir de chaque action.
Il est conseillé avant de charger les membres d’une structure de lancer une action, de définir les objectifs, selon la méthode MALINS:
- Mesurable : Pas nécessairement quantifiable
- Accessible : Réalisable (voir les moyens à disposition)
- Limité : fixer une limite dans l’espace et dans le Temps
- Intéressant : s’assurer des retombées positives pour le mouvement
- Négociable : les moyens, la date… mais pas l’objectif lui-même
- Stimulant : rechercher la motivation en expliquant les enjeux…
Tout militant indépendantiste kabyle engagé, doit comprendre que pour atteindre notre objectif politique principal, qui est l’aboutissement à un référendum d’autodétermination de notre peuple, il faut prendre en compte dans toutes les actions ces objectifs stratégiques intermédiaires :
- Élargir et renforcer notre base militante engagée. Autrement dit, transformer les sympathisants passifs en militants actifs.
- Gagner la sympathie du public et des parties non engagées mais qui ne sont pas hostile à l’indépendance de la Kabylie.
- Tirer à soi, diviser ou neutraliser les groupes qui soutiennent le pouvoir colonial algérien.
Pour choisir les méthodes et les actions à entreprendre, il faut se poser les questions suivantes :
- L’action a-t-elle pour objectif de mobiliser notre base militante ?
- Va-t-elle mobiliser et attirer des personnes non engagées ?
- Va-t-elle affaiblir les cercles clientélistes proches du pouvoir colonial algérien ?
En effet, les choix tactiques doivent s’opérer en fonction de savoir si elles attirent ou non les groupes qu’il nous faut influencer dans la société. Diversifier les actions de mobilisation permet d’atteindre différentes personnes. L’exercice stratégique sert à identifier des moyens de mettre à contribution différents types de personnes. Connaître le terrain et avoir une bonne stratégie, le tout agrémenté d’une bonne dose d’optimisme peut garantir des succès à toutes nos actions.
Militantes et Militants indépendantistes kabyles, restons optimistes. L’optimisme est contagieux et il attire les gens !
Hacène At Amar Wali
SIWEL 311815 Jul 17 UTC