KABYLIE (SIWEL) — La Kabylie subit, en ce moment, la plus cruelle agression de son histoire orchestrée froidement par la junte militaire algérienne en proie à des luttes claniques sanglantes. À la répression politique contre les militants du MAK et autres indépendantistes kabyles s’est ajoutée dans un premier temps une pandémie au corona virus exacerbée par la prédominance du variant Delta déjà relégué au second plan par une suite d’événements encore plus dramatiques.
Comme un malheur ne vient jamais seul, cette pandémie meurtrière a trouvé un terrain propice à son expansion fulgurante en raison d’une vaccination insuffisante, sinon inexistante, d’un système de santé vétuste, d’une pénurie préméditée d’oxygène et du blocage systématique des aides de la diaspora kabyle.
Le point culminant de ce génocide programmé de la Kabylie dans le cadre du projet zéro kabyle qui n’est plus à présenter se traduit par un nombre inédit d’incendies criminels allumés le lundi 9 août partout en Kabylie de manière synchronisée par une entité organisée, dotée de moyens logistiques conséquents dont seul l’État algérien peut disposer.
Le bilan des morts s’élève pour le moment à près de 200 morts, dont une trentaine de militaires, en poste avancé dans le pays kabyle occupé. Parmi ces victimes se trouvent des enfants en bas âge, des vieillards, des femmes enceintes, des familles entières piégées dans l’enfer des flammes. Nous passerons sur les pertes matérielles et les dizaines de fermes brulées privant leurs propriétaires de leurs uniques sources de revenus. Un bilan exhaustif sera fait en temps et lieu par les autorités kabyles compétentes.
D’ores et déjà, les conséquences de ce crime contre l’humanité et l’écosystème kabyle sont innombrables. Des villages entiers sont désertés par les familles contraintes d’abandonner leurs biens pour rester en vie. Les paysages de Kabylie aux maquis jadis touffus et verdoyants ne sont plus que monts et crevasses glabres dévorés par le feu et promis à de potentiels glissements de terrain que les intempéries pourraient provoquer sur des surfaces accidentées extrêmement fragilisées.
Les cendres de foyers d’incendies éteints ne sont pas encore retombées que des hélicoptères de l’armée coloniale ont été aperçus entrain de répandre des matières inflammables sur les toits des maisons dans différentes localités. Aucune forêt kabyle n’est épargnée. L’attaque lâche et inhumaine est un acte de guerre délibéré et systématique visant à tétaniser le peuple kabyle et à le faire dévier de sa trajectoire indépendantiste. Les paysages kabyles présentent désormais une vision post apocalyptique évoquant la morphologie de reliefs ayant subi une explosion nucléaire.
En dépit de toute la désolation ambiante, le régime de Chengriha et de Tebboune continue à faire la sourde oreille aux cris de détresse du peuple kabyle livré aux flammes, à la maladie, la faim, la soif et au désespoir. Pour ceux qui voudraient la preuve de l’implication du régime dans ce crime abominable et inédit dans l’histoire humaine, elle est là, vivante et morte à la fois, balançant entre la vie et la mort, dans les regards hagards des enfants kabyles en détresse respiratoire et en détresse tout court. Elle est là dans l’air irrespirable saturé de soufre et de cendres. La preuve flagrante est là, signée cendres sur blanc, fixées dans les arbres calcinés, dans les pierres et les briques des maisons en ruines, dans l’image crève-cœur de ces deux fillettes kabyles figées dans la cendre, entourant dans une ultime étreinte le corps calciné de leur maman.
La preuve et le mobile du crime sont là, énormes, à l’image des crimes nazis : irréfutables, interpellant le regard et la conscience humaine et surtout la justice internationale qui devrait s’autosaisir sine die, car un nouveau Nuremberg s’impose pour rendre justice au peuple kabyle martyrisé.
Les preuves de ce crime absurde contre la Kabylie provoquent le vertige et frappent l’entendement. Le raidissement des militaires algériens refusant les propositions d’assistance humanitaire du Maroc qui offrent 2 Canadairs pour lutter contre les flammes dont la puissance se trouve démultipliée par des vents puissants est saisissant d’effroi.
Comment en effet, des êtres « humains » peuvent-ils être capables de tant de violence et de mépris envers leurs semblables rien, que pour les punir de leur différence ethnique et culturelle ? Comment peuvent-ils refuser l’aide du Maroc à la Kabylie rien que pour continuer à entretenir sciemment cette stupide inimitié permanente devenue leur fonds de commerce le plus vieux et le plus onéreux ? Le régime a pourtant accepté les avions français, tard certes, mais accepté quand même rien que pour tenter de se racheter aux yeux d’un monde médusé par tant de décalage et de négligence face au naufrage organisé d’un peuple kabyle désarmé, combien même tout l’or de l’univers n’y suffirait pas.
Le 12 aout, les canadairs français sont arrivés finalement à l’aéroport d’Alger. Les Kabyles attendent avec impatience de les voir à l’œuvre, alors que tout n’est plus que désolation. En plein drame, pour corser le scénario, la police politique poursuivait méthodiquement ses entourloupes en trouvant un coupable désigné qui aurait été préalablement gravement poignardé avant d’être jeté en pâture à la foule manipulée afin de faire passer les Kabyles pour des sauvages.
Le seul responsable de cette barbarie est le régime qui, une fois de plus, une fois de trop a tenté de tirer son épingle du jeu en faisant passer la victime pour le bourreau et un acte de guerre global et génocidaire pour un évènement de quartier. Pourtant, des preuves évidentes montrent que ce sont les mêmes pyromanes qui ont mis le feu à nos forêts qui ont assassiné l’artiste et activiste Djamal Bensmail pour dresser les Algériens contre les Kabyles et provoquer une guerre civile aux conséquences catastrophiques pour les deux peuples.
Une vidéo en circulation sur Facebook montre une foule infiltrée par des agitateurs professionnels en maillots rouges organisant et menant la foule. L’objectif de ces agents de la police politique était bien entendu de faire endosser aux jeunes kabyles toute la responsabilité dans la mort du malheureux Djamal. Le début de la vidéo montre bien l’intérieur du fourgon cellulaire dans lequel la victime se faisait empoigner par la gorger et poignarder avant d’être livré violemment à la foule avide de représailles. De nombreuses questions vont vraisemblablement rester en suspens comme la raison pour laquelle la victime avait été largement médiatisée quelques jours auparavant, la présence sur les lieux d’automobiles sans immatriculation, etc.
Par ailleurs, si les pyromanes commanditaires sont connus de tous, l’identité des pyromanes exécutants reste encore inconnue. Toutefois, certaines voix impliquent des prisonniers libérés récemment par le président Tebboune dans le cadre de sa grâce présidentielle refusée sans appel aux prisonniers politiques kabyles. Un modus operandi dont le régime s’était déjà servi largement le 14 juin 2001 en dressant des repris de justice contre les manifestants kabyles descendus par millions sur Alger. Une fois encore, la police politique a réussi à faire le lit d’une haine sociale aux conséquences imprévisibles dont la Kabylie pourrait encore faire les frais si le couvert reste longtemps posé sur les tenants et aboutissants de cette entourloupe aux relents nauséabonds.
Dans le même élan de mépris du peuple kabyle, en dépit de son crime impardonnable Chengriha a osé se montrer à la population de la localité d’Adekkar, accompagné d’un détachement de l’armée et de ses agents de la police politique en maillots rouges. Il s’agit visiblement du même corps constitué qui s’est diaboliquement illustré à Larba-Nath-Irathen dans le lynchage barbare de Djamal Bensmail. Chengriha s’est fait humilier par la population qui lui a tourné le dos en signe de défiance et de mépris qu’il ne pourra pas oublier de sitôt.
En ce moment même, en plus du Maroc et de la France, des organisations humanitaires souhaitant répondre au cri de détresse lancé par le GPK, l’AZA rouge et SOS Kabylie, butent systématiquement contre la fin de non-recevoir des décideurs algériens piégés dans un orgueil mal placé et démesuré aggravé par une fuite en avant défiant tout entendement.
Le dos au mur, le régime ne peut pourtant plus se dérober face à l’insistance du GPK et de la diaspora kabyle. Les nombreuses actions de dénonciations de la solution finale mise en place contre la Kabylie trouvent de plus en plus d’échos dans le monde entier. Le régime algérien coupable de crimes contre l’humanité ne peut plus cacher sa nature génocidaire. La communauté internationale est appelée à ne plus le tolérer pour ne pas en devenir la complice comptable devant la morale et l’histoire.
Dans l’expectative, la Kabylie et le monde restent suspendus au feu vert hypothétique de Chengriha pour l’acheminement vers la Kabylie de l’aide humanitaire et des moyens de lutte contre les incendies dont l’Algérie officielle trop occupée à dilapider l’argent du pétrole n’a jamais cru bon d’acquérir.
En attendant le bon vouloir du régime, le peuple kabyle vit un naufrage humanitaire sans précédent dans l’histoire. Jusqu’à quand durera cette attente insupportable sous la menace de la répression politique, de la Covid-19, de la faim, la soif, la canicule et les incendies criminels ? Nul ne le sait, mais si ce refus nous est encore opposé plus longtemps encore, notre patience étant déjà considérablement entamée, personne ne pourra prévoir la suite des événements et personne ne pourra faire valoir son ignorance de la situation.
Dans cette guerre totale qui lui est imposée, la Kabylie digne et résiliente résiste pacifiquement, mais pendant combien de temps pourrait-elle encore s’imposer cette retenue de la pierre, de l’inerte et de l’inanimé ? Il appartient désormais à la communauté internationale interpellée à plusieurs reprises depuis 2001 par le MAK et le GPK d’intervenir pour éviter une escalade incontrôlable attisée par les complots quotidiens de la police politique dont seul le régime pourra, encore une fois, tirer les marrons du feu. Enfin, il convient de se rappeler que la première faculté du vivant est le mouvement. Dont acte !
Moh@slimane
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