CHRONIQUE (SIWEL) — Notre montagne, la montagne des Hommes justes, celle des chemins qui montent, celle de nos ancêtres qui l’ont faite citadelle imprenable depuis plusieurs millénaires.
Cette montagne, notre montagne, Adrar N’Jerjer, le Djurdjura, dont le nom, seul à son évocation, fait tomber dans la frayeur nos ennemis.
Cette montagne qui s’étale sur plusieurs centaines de kilomètres dont le point le plus haut culmine à plus de deux mille trois cent mètres pour aller se jeter à V’gayet, depuis les Babors, dans la Méditerranée constituant ainsi plus de 250 km de plages de sable fin et de criques.
Cette montagne, notre montagne, sa neige, ses névés, son or bleue, avec ses sources d’eau minérale, ses oliviers, son miel, sa faune et sa flore glisse des mains de ses habitants Kabyles pour tomber dans les mains souillées du colonialisme arabico-islamique algérien.
Cette montagne qui fait et qui est le pays Kabyle est aujourd’hui attaquée dans ce qui fait sa substance, sa sève et son existence, sa Kabylité, Taqvaylit.
C’est à l’aune de cette essence intrinsèque qui fait sa Kabylité, objet de souillures que la Kabylie et ses Kabyles, hommes, femmes, enfants, vieillards doivent se lever et former un bloc uni pour s’opposer à ses ennemis qui jurent de par sa destruction civilisationnelle.
L’ennemi est identifié, à la Kabylité et à la langue Kabyle il tente de substituer et d’imposer l’arabité et la langue arabe pour créer une nouvelle dimension linguistique et culturelle irréversible.
L’arabité observée dans sa dimension linguistique, la langue arabe, langue de poésie et de littérature, présentée par certains arabes comme langue sacrée du coran et du paradis n’est pas en soi dangereuse, elle fait partie du patrimoine de l’humanité dont un homme à l’esprit ouvert aux autres ne peut nier.
La tare de cette langue arabe est qu’elle est portée par une idéologie politique panarabiste qui veut arabiser de force et par la violence même les peuple non arabes.
Elle est arrogante et suffisante dans sa présentation, parce que langue du Coran donc d’Allah.
Elle est conquérante et dominatrice. Toutes les ethnies non arabes et non musulmanes vivant dans le monde dit arabe, outre l’occupation de leurs territoires, sont soumises de force à l’apprentissage de cette langue au détriment de leurs langues propres.
D’essence raciste, fasciste et négationniste tant elle s’impose par la force et la violence de l’épée et de l’effacement de tout ce qui n’est pas arabe, cette langue quitte le domaine linguistique de la richesse culturelle pour devenir l’arme de destruction de l’autre.
Après avoir fait quasiment disparaître les langues berbères du nord-ouest de ce pays appelé Algérie, c’est avec rage et hargne que le pouvoir colonial algérien arabico-islamique s’attaque à la Kabylie.
Non rassasié d’avoir marché sur des milliers de cadavres d’opposants Kabyles qui lui ont résisté, ce pouvoir colonial accentue sa guerre civilisationnelle contre la Kabylie par une politique plus agressive dans ses moyens.
En complément des écoles où elle est enseignée avec tous ses échecs notoires, c’est par des campagnes d’arabisation telle «Iqra» nommée ainsi en référence au premier verset du Coran.
Iqra ! À l’impératif, en Français «Lis !» est cette injonction que l’ange Gabriel aurait ordonnée à Mahomet.
Financée par les dizaines de millions de Dollars, du Qatar qui participe en pays frère arabe à cette arabisation, avec cette opération, ce pouvoir colonial cible les personnes âgées Kabyles, particulièrement, les vieilles femmes Kabyles, matrice et gardiennes intransigeantes de la langue Kabyle.
En ciblant les femmes Kabyles et particulièrement les vieilles femmes, les anciennes comme on les appelle avec un grand respect, le pouvoir colonial arabico-islamique s’attaque à nos racines linguistiques porteuses de toute notre mémoire collective, notre imaginaire social en somme de toutes nos traditions et coutumes. Chaque Kabyle sait que chaque mot Kabyle renvoie à l’histoire millénaire de la Kabylie.
À cette opération de destruction programmée de la langue Kabyle, s’ajoutent les mosquées, mises à contribution, où la langue forme ainsi un couple avec la religion dans cet espace pourtant sensé être réservé à la prière.
Sous le masque du prêche religieux, dans un patchwork socio-politico-religieux, c’est le négationnisme civilisationnel qui y est distillé.
Le pratiquant Kabyle, dans ces mosquées devenues des lieux de propagandes politique, apprend qu’un bon croyant musulman est celui qui apprend et pratique la langue arabe. Il apprend qu’avec l’apprentissage de la langue arabe, c’est aussi la lecture et la compréhension du texte coranique qui y est ainsi facilitée.
Dans la mosquée, en plus de l’école, le croyant Kabyle est invité pernicieusement à parler à ses enfants en arabe à la maison pour mieux les rapprocher de l’islam qui forme l’identité religieuse et nationale.
À l’échelle du pays, la mosquée et la zaouia deviennent ainsi le réceptacle de la politique du pouvoir colonial. Dans un dosage bien étudié, ici elles servent l’aliénation et l’acculturation des Kabyles et ailleurs envers les algériens, elle devient un lieu de purification politique pour absoudre tous les corrompus politiques de leurs vols les disposant à un nouvel envol politique vers de nouvelles malversations.
De cette langue arabe et de par elle adossé à la religion, l’homme Amazigh est déclaré arabe parce que arabisé et l’Afrique du nord déclarée terre arabe parce que habité désormais par les arabes.
Inscrit dans sa constitution, «l’Algérie terre arabe» devient par la force de la politique négation et de la révision de l’Histoire, un espace et une terre arabe. Même le chant national souligne que le peuple de ce pays appartient à l’Arabité et à l’islamité.
Pataugeant dans le déni, la falsification et la révision de l’histoire ce pays porte atteinte au patrimoine ethnique et linguistique de l’humanité.
La Kabylie, victime, vit et subit de plein fouet ce fascisme dans toute sa dimension hideuse avec son corollaire, l’idéologie arabo islamique.
Le constat est terrible pour la Kabylie. Elle vit une Daechisation politique très profonde tant toute la politique et la propagande du pouvoir colonial passe par les mosquées et les Zaouias. Les Algériens laïcs, oui il y’en a, eux-mêmes n’en sont pas à l’abri.
Ce pays appelé «algérie» est aujourd’hui au bord de l’implosion et constitue une inquiétude majeure tant à l’intérieur et dans tous les pays voisins, y compris la France, l’Italie et l’Espagne.
Les partis islamistes sont aux aguets et le FIS dissout peut resurgir dès que la conjoncture politique lui sera favorable et elle l’est aujourd’hui.
Les Kabyles doivent avoir à l’esprit ce qui se passe aussi dans les pays arabes à propos des régions non arabes ou non islamiques.
Les cas des Kurdes en Syrie, en Irak ou en Turquie sont édifiants.
Plus loin dans l’histoire le cas des Druzes sous l’empire ottoman. Leur condition dans la Syrie et le Liban d’aujourd’hui n’est pas des plus meilleurs.
Il est temps de détacher la montagne Kabyle de ce pays appelé Algérie.
Et comme nous l’a dit déjà Matoub « Ddwa-s an cerreg Tamurt».
Menal At Qasi
SIWEL 151700 FEV 18