Kabylie : L’Anavad appelle l’ONU et l’UE au devoir d’ingérence écologique
ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA
TISELWAYT
LA PRÉSIDENCE

KABYLIE
APPEL AU DEVOIR D’INGÉRENCE ÉCOLOGIQUE

Lettre à Leurs Excellences
Le Secrétaire Général de l’ONU
Le président de l’Union Européenne

Excellences,

La Kabylie est livrée chaque été aux incendies de forêts. Ces feux, selon toute vraisemblance et de nombreux témoins oculaires, sont le fait des militaires algériens qui s’y comportent en armée d’occupation et y mènent sur ordre de leur hiérarchie, la politique de la terre brûlée. C’est là un châtiment contre le peuple kabyle qui, opposé aux options idéologiques et politiques de l’Algérie, aux antipodes des siennes, aspire à son indépendance. La Kabylie qui est kabyle, amazighe et laïque, est en état de résilience face à l’Algérie qui la somme de se dépersonnaliser et de s’avilir.

Durant les 25 dernières années, la Kabylie n’a échappé aux fournaises estivales qu’à deux reprises : La première période s’étale de 2001 à 2004, quand les gendarmes qui avaient tiré sur de pacifiques manifestants et abattu 130 jeunes, avaient été chassés de Kabylie.

La deuxième date de l’année dernière (2018), conséquence de l’effet dissuasif produit par le dépôt auprès de l’ONU (28/09/2017), du Mémorandum pour l’autodétermination du peuple kabyle et dans lequel, un dossier documenté est consacré à ce crime contre la nature.
Toutefois, jamais ces incendies d’origine étatique et criminelle n’ont été aussi violents que cette année.

Cela fait près de deux mois qu’ils sont quotidiens, multifocaux et dès lors, sans aucun doute, coordonnés et planifiés. Toute la Kabylie est transformée en un brasier permanent.

Des dizaines de milliers d’hectares, des millions d’oliviers, souvent plus que centenaires, sont déjà anéantis par les flammes tandis que la population suffoque sous l’effet conjugué de la canicule et de la fumée.
La nature est ravagée et la faune anéantie.

De nombreux observateurs politiques, dans les médias et sur les réseaux sociaux, font remarquer que l’arrivée au pouvoir par un coup d’état militaire d’un général réputé comme étant le plus raciste envers les Kabyles, le général major Gaid Salah (80 ans), ne serait pas étrangère à l’enfer auquel la Kabylie est soumise.

Cela peut être corroboré par au moins deux phénomènes :
1) L’Algérie n’a jamais mobilisé les moyens nécessaires contre les feux qui embrasent la Kabylie. Alors que l’ampleur des incendies aurait requis en des pays dignes de ce nom, un appel à l’aide internationale pour en venir à bout, l’Etat pyromane préfère regarder le spectacle. Des canadairs existent pourtant mais ne sont jamais envoyés en Kabylie.
2) Malgré un climat et une topographie comparable à l’ensemble du sud-ouest méditerranéen (Tunisie, Maroc) et le nord de l’Algérie, la Kabylie demeure la seule région réellement affectée par ces incendies qui, étrangement, dépassent rarement ses frontières.

Pour donner suite à nos protestations, un état d’urgence vient d’être tardivement annoncé, officiellement contre le feu mais il pourrait être davantage de nature politique qu’écologique. Cette situation servirait de prétexte pour mieux instaurer la nouvelle dictature militaire sur le pays et, à légaliser la répression contre les gigantesques rassemblements qui ont lieu contre le régime militaire depuis le 22 février 2019.

Dans tous les cas, la Kabylie est livrée aux feux et à l’asphyxie. Devant cette situation dramatique, et la détresse de mes compatriotes, au nom du peuple kabyle et de l’Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle en exil) j’en appelle à votre honorable autorité pour venir en aide à la Kabylie. En le faisant vous préserverez non seulement les populations locales mais aussi la nature et la vie sur le territoire national kabyle.

La destruction volontaire des écosystèmes et de l’environnement d’un peuple pacifique, et de surcroît dénué de moyens propres, est en soi, dans le cas de la Kabylie, un crime de guerre unilatéral qui mérite condamnation à plus d’un titre, par la conscience humaine.

La Kabylie demande à l’ONU, et s’adresse simultanément à toutes les instances internationales en général et à celles de l’Union Européenne en particulier, dont le territoire est directement impacté par la dévastation de l’environnement kabyle, sur ordre de l’Etat algérien, d’agir au nom d’un nouveau devoir, le devoir d’ingérence écologique contre les Etats voyous qui commettent des crimes contre la nature.

Devant les dangers qui menacent notre planète et le recours de plus en plus fréquent à l’arme écologique, par certains régimes, ce nouveau devoir devient aussi légitime que le devoir d’ingérence humanitaire théorisé par le ministre français, Bernard Kouchner dans les années 80.

La dévastation volontaire de toute la nature, ne serait-ce qu’à l’échelle de quelques kilomètres carrés, équivaut en réalité, à une agression contre la planète, bien commun de toute l’humanité.
Il serait raisonnable qu’une nouvelle norme internationale relativise la souveraineté exclusive d’un Etat sur un territoire dès lors que ses atteintes, par action ou passivité, contre l’environnement sont flagrantes, irréversibles et par conséquent, criminelles.
Des responsabilités devraient être établies, de l’aide d’urgence déployée et des sanctions appliquées, au bénéfice des générations futures.

Dans l’espoir que vous entendiez cet SOS kabyle, lancé comme une bouteille à la mer, je vous assure de toute la profondeur du respect du peuple kabyle tant pour votre autorité que pour toute la Terre et le genre humain.

Exil, le 26/07/2019

Signé : M. Ferhat MEHENNI
Président du Gouvernement Provisoire Kabyle en exil (Anavad)