DOUBLE COMMEMORATION DU PRINTEMPS BERBERE
PLUS RIEN À ATTENDRE… DE L’ALGERIE COLONIALE
C’était hier, au Printemps 2001. Massinissa Guermah fut le premier martyr à tomber sous les balles assassines. Victime d’une rafale d’arme automatique dans les locaux de la Gendarmerie algérienne d’At Dwala, le 18 avril, il succombera à ses blessures dans les jours qui suivent. Il avait 18 ans. Sa mort injuste mit le feu aux poudres dans toute la Kabylie. Le bilan s’alourdit, 128 morts et des milliers de blessés, certains handicapés à vie. Les tragiques événements sont depuis commémorés comme Printemps Noir de Kabylie, dans le sillage du Printemps Berbère, kabyle lui aussi, de 1980, pour cultiver la mémoire de nos valeureux martyrs.
Les criminels se la coulent toujours douce dans un pays où règnent l’Injustice et l’Indifférence mortifère de « nos » autres concitoyens algériens. Ces jours-là, je compris alors, à mes dépens, que l’Algérie ne voulait pas de moi. En tout cas, pas comme d’un citoyen à part entière ; sinon de seconde zone. 17 ans après, il n’y a toujours pas de jugement des assassins, pourtant dûment identifiés par les populations locales. 17 ans après, au regard de la répression qui s’abat ces derniers jours sur mes VRAIS concitoyens en Kabylie, je suis en droit de me dire que plus rien ne m’unit à ce foutu pays qu’on appelle Algérie. On n’y rencontre que mépris, déni d’existence, répression, désolation et mort… Plus rien à attendre d’un pays qui ne tient qu’à nous asservir.
Plus rien à attendre d’un pays qui use impunément d’armes de guerre, lourdes, pour tirer dans le dos de ses prétendus enfants. Et qui ont les mains nues de surcroît.
Plus rien à attendre des Algériens qui regardent comment on nous tire dessus, comme sur des lapins, sans broncher. Mais pas le moins du monde. Pire encore, ils préfèrent regarder «ailleurs », dans le lointain Orient, et osent en même temps nous culpabiliser, nous rendre comptables de leurs propres forfaitures, perfidies et autres lâchetés.
Plus rien à attendre d’un pays qui use de religion, comme d’un charlatanisme, pour mieux nous mater, nous endormir debout et nous reléguer des siècles en arrière, pendant que les autres peuples sont projetés dans la physique quantique.
Plus rien à attendre d’un pays qui nous demande à chaque fois des gages de reniements de soi, de baisser nos pantalons, pour qu’ensuite à peine on daigne nous tolérer.
Plus rien à attendre d’un pays qui nous interdit de parler dans la langue de nos mères dans les « palais d'[In]justice ».
Plus rien à attendre d’un pays qui assassine nos poètes, saccage nos mythes, profane notre Histoire, prend en otage nos mémoires et nos espérances. Et qui nous violente jusque dans les derniers retranchements de nos rêves les plus intimes.
Plus rien à attendre d’un État voyou qui, en guise de citoyenneté, nous offre « l’embarras du choix » : entre la prison à ciel ouvert qu’est l’Algérie, pour les résignés ; ou le cachot, le cercueil, l’exil, pour les réfractaires à l’ordre inique établi, lequel ordre est conçu pour broyer toute velléité de résistance, de révolte.
Ni oubli, ni pardon. Le combat continue.
Le flambeau est désormais hissé par les nouvelles générations, en écho au combat d’hier de leurs aînés.
La transmission du témoin intergénérationnel s’est bien passée. Les Printemps de Kabylie n’en seront que plus beaux.
Et plus rien, fussent les réactions épidermiques du Pouvoir de plus en plus répressives et constantes, ne semble en mesure d’arrêter la dynamique enclenchée dans le sens de l’histoire, de la libération de la Kabylie.
Gloire à nos valeureux martyrs.
Vive la République libre et indépendante de Kabylie !!!
Mohamed ZIANE-KHODJA