KABYLIE (SIWEL) — Impulsifs, des Kabyles hirakistes ont battu le pavé à Tizi-Wezzu, Tuviret et Vgayet. Ils ont mis du cœur des tripes en scandant fort des slogans en arabe pour mieux montrer leur jonction avec les restes des algériens. Quelque part, on leur à fait croire qu’en se mettant à l’heure de ce qui se dit ailleurs, ils auront prouvé leur droit à être algériens, ils seront enfin acceptés et reconnus comme partie intégrante de cette grande nation qui aspire à un état civil ou le droit et la légalité primeront au-dessus de tous.
C’est bien beau si tout cela était vrai. Ça serait encore meilleur, si nous avons entendu à Oran Mostaganem, Constantine, Guelma, Tebessa, les marcheurs chanter leurs slogans en kabyle (tamazight). Il n’en est rien, et le khawa-khawa tant brandit lors de ce hirak se résume à vouloir drainer les kabyles vers un avenir qui les déchantera comme furent ont déchanté nos parents au lendemain de l’indépendance en 1962.
Depuis que de souffrance pour cette Kabylie ! Les dates ne manquent pas pour rafraichir la mémoire des oublieux : 1963 — 1980-1985-2001… des noms de grands militants et artistes kabyles assassinés ou marginalisés ne manquent pas pour nous rappeler que le kabyle n’est toléré que s’il est docile et acquis à l’arabo-islamisme ambiant : Krim Belkacem, Hocine Ait Ahmed, Slimane Azem, Matoub Lounes, Taous Amrouche, les martyrs du printemps noir hantent toujours nos esprits et nos cœurs à ce jour et pour toujours.
Mais alors, d’où vient qu’une bonne partie de Kabyles croit encore au mirage d’un état algérien qui leur sera reconnaissant ? Pourquoi n’arrivent-ils pas à tirer les leçons d’un passé encore récent et qu’ils ont vécu dans leur chair ? la question relève d’une psychologie profonde, qu’il est bon d-analyser afin d’expliquer ce comportement à la limite du suicide. Gonflé à bloc, on fait miroiter à nos frères qu’ils sont les sauveurs de cette Algérie (voir en cela les articles et textes d’auteurs comme Amin Zaoui, Boualem Sensal par exemple), ils sont la locomotive du Hirak (partout on leur chante el qabayel el ahrar/les valeureux kabyles. La flatterie étant grisante, bon nombre parmi-nous réagissent ainsi : si on ne prend part à cette « révolution » nous serons condamnés par l’histoire. Les tireurs de ficelle, toujours tapie à l’ombre, savent jouer de la fibre sentimentale et patriotique vivace depuis la nuit du temps chez le peuple kabyle. Ait Menguellet dans sa fameuse chanson « amedah » l’avait bien souligné dans ces vers mémorables : « wis ma d ul-ik i yelhan/ neɣ imi teɛiḍ laman/ ik feqqen amek i tetteduḍ/ ak id awin di nnican/ rran-k sanda bɣan telḥuḍ/asmi wwḍen yak ayen bɣan/ ǧǧen ak allen-ik a truḍ ! »
Terrible sentence du poète lucide ! Le syndrome Ouyahia n’est pourtant pas loin : lui à a servi le régime avec excès de zèle au point de paraître comme une machine froide prête à tout piétiner sur sa route pour plaire à ses parrains, quand le moment de sa déchéance vint, il fut non seulement mis en prison, mais en plus humilié comme jamais lors du décès de son frère. Le même sort ne fut pas réservé à Said Bouteflika [aucune image de lui lors des obsèques de son frère]. Que dire alors de l’autre économiste, amuseur de galerie à ses heures perdues, Ferhat Ait Ali ? Guidés par une ambition folle et une arrogance qui faussa toute capacité de discernement chez eux, ces deux hommes ont fini par tomber au-delà du bas… sans que personne ne s’émeuve quand au sort qui leur est réservé !
Mais il s’en trouvera toujours des kabyles qui voudront rouler pour ce régime. La confirmation nous est venue cette semaine du FFS dont la direction n’a pas hésité un seul instant à s’asseoir à table avec Tebboune. Elle nous est confirmée par la promptitude des certains leaders kabyles à tirer sur le président du GPK, sur les militants du Mak ou des autres mouvements indépendantistes kabyles. Elle nous vient de ces avocats kabyles qui se précipitent à défendre les détenus politiques du Hirak [chose noble en soi] sans pourtant bouger un seul doigt pour les détenus kabyles militants du MAK. Elle nous vient cette confirmation qu’il s’en trouvera toujours des kabyles qui se tromperont de combat du comportement des deux partis locaux kabyles qui malgré le fait qu’ils sont ignorés [pour ne pas dire rejeter] en dehors de la Kabylie et continuent à se conduire comme les champions d’une algérianité qui renvoie à tout sauf à notre authenticité ! Décidément, beaucoup de kabyles se plaisent dans ce rôle de faire valoir, dans cette posture qui rappelle le dindon de la farce !
H@S
SIWEL 222235 FEV 21