Izmulen pour les droits des At-Mzab
COMMUNIQUE 15/2019
Assassinat du Dr Kamaleddin Fakhar dans les prisons et les hôpitaux du régime algérien
L’association Izmulen a reçu avec tristesse et chagrin la mort du militant leDr Kamaleddin Fakhar qui a été incarcéré dans la prison de Taghadrayt (Gradaïa) sans faits inculpants ni jugement.
Nos sincères condoléances à la famille du défunt et à ses enfants, ainsi qu’à tous les militants honnêtes et libres qui se battent pour la liberté, la justice et les droits de l’homme.
La mort du militant Kamaleddine Fekhar est un assassinat planifié et exécuté sur plusieurs étapes par l’appareil judiciaire et le gang au pouvoir dans la wilaya de Taghardayt, dirigé par le Wali (Préfet), Azzedine Mechri.
Cet assassinat fait parti de la série d’assassinats des Mzabs emprisonnés depuis trois ans, et même plus : Aïssa Bencheikh, Salah Gueddouh et le maire de Berriane Affari Baouchi, puis le quatrième, le Dr Kamaleddin Fakhar. Nous rappelons que dans le passé, Saïd Saoudi a été assassiné après les événements de Berriane en 1990 en prison après avoir été torturé.
Toutes ces personnes sont mortes en état d’arrestation à Taghardayt sur des accusations infondées, des dossiers montés de toutes pièces et dans des circonstances mystérieuses. Depuis quelques semaines, le 31 mars 2019, jour de leur arrestation, le militant Kamaleddine Fakhar et son compagnon de combat, le professeur Haj-Brahim Aouf, ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire. Après une
détérioration de leur santé, ils ont été transférés dans le pavillon carcéral de l’hôpital Tirichine de Taghardayt.
L’avocat Salah Dabouz leur a rendu visite à plusieurs reprises en prison et à l’hôpital. Il a constaté la détérioration de leur état de santé et il a lancé, plusieurs fois, des appels de détresse avec ses déclarations dans les journaux et les réseaux sociaux. Lors de sa dernière visite aux détenus Haj-Ibrahim Aouf et Kamaleddine Fakhar à l’hôpital de Tirichine, Me Dabouz a constaté des symptômes graves pour la santé du militant Kamaleddine Fakhar, Annonçant sa mort à tout moment, notamment une perte de conscience, un pâlissement du visage et des troubles de la vue. Me Dabouz n’a pas hésité à informer les autorités et l’opinion publique de ce qu’il avait constaté : « Le militant Kamaleddine Fakhar est confronté à ne mort inévitable … », avait-il dit. Les circonstances de la mort de celui-ci sont ambiguës et il y a de fortes présomptions qu’il pourrait être empoisonné par une injection.
Nous pensons qu’il est très probable que l’assassinat du militant Kamaleddine Fekhar a eu lieu dans le pavillon carcéral de l’hôpital de Tirichine suite auquel il a été transféré à l’hôpital France Fanon de Blida pour se débarrasser du crime en l’exporter hors de la wilaya.
Des voix s’élèvent pour dénoncer l’assassinat du militant Kameleddine Fakhar mais se contentent d’accuser le pouvoir dans son ensemble d’être à l’origine de ce crime. Nous voyons dans cette accusation générale une façon de dilution de la responsabilité de ce crime grave dont les raisons sont claires et les noms des responsables connus.
Nous tenons comme responsables de l’assassinat du militant Kamaleddine Fakhar clairement et fermement le wali de Taghardayt Azzedine Mechri, le procureur général de Taghardayt, Mohamed Bensalem, le président du tribunal de Taghardayt, Mohammed Bouhriche, le directeur de l’hopital Tirichine, Bachir Bahaz, l’équipe médicale de l’hôpital de Taghardayt et le directeur de la prison de Taghardayt.
Nous tenons, également, responsables de ce crime, le ministre de la justice, Slimane Brahmi, l’adjoint du ministre de la Défense et chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd- Salah, et le chef de l’État, Abdelkader Bensalah. C’est écœurant de voir certains dénoncer l’assassinat du militants Kamaleddine Fakhar alors que dans un passé récent ils l’avaient jeté à la vindicte des autorités en incitant à sa condamnation. D’autres qui n’ont pas prononcé un mot de désapprobation tout au long de la détention arbitraire, versent maintenant des larmes de crocodile. Leur silence était un
silence assassin.
Nous saluons cette vaste réaction de manifestations et de sit-in condamnant ce crime. Si de telles manifestations avaient eu lieu avant le crime, le militant Kameleddine Fakhar serait maintenant en vie parmi nous.
Nous saisissons cette occasion pour rappeler et exhorter toutes les personnes libres et honorables à poursuivre la lutte par des moyens pacifiques afin de libérer les détenus d’opinion incarcérer dans les prisons algériennes (Haj-Ibrahim Aouf, Bahmed Lassakeur, Noureddine Tichaabet, Idris Khiyat, Mohammed Baba-Nedjar, Abdellah Naoum, Hadj Gharmoul et beaucoup d’autres).
Le militant Haj-Brahim Aouf, compagnon du Dr Kamaleddine Fekhar dans la même prison et dans le même hôpital, risque lui aussi d’être liquidé par le même gang si nous n’exigeons pas sa libération.
L’avocat Me Dabouz, dont nous saluons le courage, subit un harcèlement de la part du même gang. Il est placé sous contrôle judiciaire à 600 kilomètres de sa résidence et de son travail et est contraint de parcourir une distance hebdomadaire de 2 400 kilomètres pour signer trois fois par semaine. Cet arbitraire ne peut s’expliquer que par la haine et la volonté de représailles à son encontre du fait de la révélation des crimes commis par les différents responsables.
Ce crime ne restera pas sans poursuites judiciaires contre ses auteurs. Nous poursuivrons près d’un tribunal à compétence universelle tous les responsables du meurtre du militant Kamaleddine Fakhar pour racisme et crime contre l’humanité, à commencer par le procureur général Mohammed Bensalem et le Wali (Préfet) Azzeddine Mechri. C’est une promesse et nous la tiendrons.
Paris le 29 mai 2019
Président d’Izmulen
Mohammed DABOUZSIWEL 301753 MAI19