GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLEMOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE
MAK-ANAVAD |
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COORDINATION RÉGIONALE DE L’EST |
Durant ces derniers jours, une polémique a été lancée sur la toile comme quoi un militant du MAK-Anavad d’Aqvu a été victime d’une violence sans précédant de la part du système répressif policier, suite au meeting réprimé de manière tout à fait absurde par la police et la gendarmerie algériennes le 15 avril à Akbou. Encore plus grave, certains ont voulu faire entendre à l’opinion publique que le militant en question, Lounis Kadim, a été abandonné à son sort par les compagnons de lutte de sa région, qui n’ont rien fait ni pour l’aider et ni pour faire connaître sa situation, aux plus hautes sphères du MAK-Anavad. Devant tant d’amalgames et la tournure que prend cette histoire, la coordination MAK-Anavad d’Aqvu et la coordination régionale de l’est ont décidé conjointement d’apporter ces précisions afin d’éclaircir certains points sombres de cette histoire.
Rappel du contexte
En effet, et comme paru dans de précédents articles sur l’agence d’information Siwel, le gouvernement colonial d’Alger a une nouvelle fois brillé par son absurdité et sa suffisance le 15 avril passé, en violant outrageusement ses propres lois. Lui qui avait l’habitude d’organiser ses activités de propagande au niveau de la place principale d’Akbou qui est beaucoup plus spacieuse, ce jour-là, il avait investi tôt le matin la place des martyrs (du printemps noir) où devait se tenir le meeting populaire organisé par la coordination locale. La ville d’Akbou s’est vue littéralement bouclée depuis l’aube, par plusieurs barrages routiers dans différents points d’accès à cette dernière. S’en est suivie de la chasse à l’homme lancée contre les militants du MAK-Anavad, qui se sont vus arrêter en grand nombre ce matin-là. Chasse à l’homme aveugle et arbitraire, puisque nous avions vu des personnes n’ayant rien à voir avec le mouvement, se faire arrêter et diriger vers le commissariat central de Vgayet pour interrogatoire et prises d’empreinte et de photos.
Les rescapés de cette chasse à l’homme absurde se sont rassemblés et ont mobilisé des citoyens afin d’exiger de la police coloniale qu’elle relâche les militants interpellés. Une initiative citoyenne pacifique, que la police a encore une fois, réprimée avec une violence inouïe en interpellant plusieurs autres militants et citoyens en rouant de coups plusieurs d’entre eux. Parmi les personnes arrêtées et passées à tabac, il y a le militant Lounis Kadim, qui se trouvait à la tête de la marche de protestation, muni d’un mégaphone en compagnie d’autres militants. Bien entendu, tout citoyen et tout militant interpellé ce samedi 15 avril a été relâché en fin de journée, chose que nous affirmons puisque nous nous en sommes assurés en contactant chacun le soir même.
L’arrestation musclée de Lounis et de plusieurs autres militants
Tout comme plusieurs personnes interpellées ce jour-là, Lounis a été maîtrisé fermement par des agents lui donnant des coups et le mettant de force dans leur véhicule. Dirigé vers le commissariat d’Akbou, il a également été victime de ruades et d’un interrogatoire musclé, orné de crachats et d’insultes comme c’est la mode actuellement chez le gouvernement « moderne, démocratique et républicain » d’Alger. Il a aussi, selon ses dires, reçu la proposition de leur part pour travailler en tant qu’indicateur pour leur rapporter toute information utile, concernant le MAK-Anavad, chose qu’il refusa bien entendu.
Le soir à sa libération, plusieurs militants inquiets à son égard l’ont joint par téléphone pour demander de ses nouvelles. Celui-ci se contenta de répondre qu’il allait bien et qu’il se dirigeait chez lui. Un autre militant l’avait appelé le lendemain, le 16 avril pour s’assurer qu’il allait bien, Lounis lui affirmait que tout allait bien, mais en donnant une drôle d’impression à son interlocuteur, qui se disait ne pas en être convaincu. Devant les affirmations de Lounis, la fatigue écrasante que ressentait chaque militant et les obligations personnelles et professionnelles de chacun, nous n’avions pas fait de son cas une priorité, d’autant plus que nous étions en pleins préparatifs de la marche décisive du 20 avril que nous devions à tout prix réussir et qui avançait à grand pas, sous l’œil vigilant du système répressif et les filatures constances desquelles se sont plaints certains militants.
Lounis absent à la marche du 20 avril
Lounis n’ayant pas pris part à la grandiose marche du 20 avril, a, par la suite, contacté Koceila le lendemain, soit le 21 avril, au soir, et non le 22, comme il a été publié récemment par erreur. Lounis ne se sentait pas bien, disait-il à Koceila. Il voulait parler avec ses frères de combats comme il aime dire souvent, pour se rassurer par leur présence et aussi alléger son cœur en leur parlant de ce qu’il ressentait à ce moment-là, et aussi leur confier ses peurs quant à son avenir. Il est à rappeler que Koceila s’est déplacé au village d’Amalou avec son propre véhicule la nuit, à la demande de Lounis qui souhaitait le voir.
21 avril : Echange entre Lounis et les militants d’Aqvu
Le soir même, Lounis et Kouceila se sont dirigés vers Akbou, où les attendaient d’autres militants pour passer un moment ensemble et pour tenter de comprendre ce qui arrivait à leur ami et militant, qui se plaignait de sa santé psychologique. Durant le trajet, Lounis laissait paraître des signes de trouble dans son comportement et se montrait indécis à certains gestes comme entreprendre d’allumer une cigarette avant de changer d’avis, lancer des regards suspects en direction des personnes qui l’entouraient ou carrément rester planté à regarder une boisson qu’on lui a offert. Arrivés à Akbou, les militants ont essayé de récapituler ce qui s’était produit le 15 avril, en tentant de confirmer ou démentir certaines rumeurs issues de témoignages divers de citoyens. Lounis a alors fait part à ses amis de ce qu’il avait subi ce jour-là entre les mûrs du commissariat d’Akbou, mais il demeurait incapable de confirmer ou d’infirmer certains détails, comme par exemple les coups de la décharge électrique. Il resta silencieux quant à cet épisode avant de lancer « Je ne m’en rappelle pas ».
Il a par la suite confié à ses amis qu’il s’était fait agressé le soir du meeting, après avoir été relâché par la police, au niveau de la zone industrielle d’Akbou, alors qu’il rentrait chez lui. Un fait nouveau, dont il a parlé une première fois dans la voiture de Koceila Ikken durant leur trajet. Ce dernier lui a demandé de répéter aux restes des militants l’épisode de l’agression. Chose qu’il fit, mais en donnant une autre version que celle contée à Koceila quelques minutes plutôt. Étonné, Koceila lui fit remarquer que cette version est légèrement différente de celle qu’il lui avait donnée dans la voiture. Koceila a minimisé la différence des versions, afin de ne pas le froisser ou lui mettre de pression. Cette fois encore, Lounis a donné une troisième version, différente des deux précédentes. Les militants se sont donc dit que leur ami a sûrement reçu un choc psychologique lors de son passage à tabac et ont décidé de le prendre en charge et l’accompagner afin qu’il se soigne et se reprenne en main. Le même soir, Koceila l’a ramené chez lui à Amalou, avant de rentrer à son tour chez lui.
22 avril : Les militants ont réussi à convaincre Lounis de l’accompagner chez un médecin
Le lendemain, soit le 22 avril, alors qu’il prenait un café sur la terrasse d’une cafétéria, un autre militant Nordine, a aperçu Lounis en compagnie d’un ami à lui, debout et figé, en train de le fixer d’un regard bizarre. De manière tout à fait naturelle, Nordine s’est levé et s’est dirigé souriant vers son ami et l’a invité à sa table boire un café. Étonné par le comportement de Lounis, il lui a demandé ce qui n’allait pas, ce dernier lui a répondu qu’il ne se comprenait pas lui-même, qu’il est dans cet état depuis son passage à tabac le 15 avril. Il lui a aussi confié qu’il lui arrivait de sombrer dans un état de panique. De ses propres mots : « Je suis perturbé par des parasites dans ma tête, je ne suis pas en paix ». Poursuivant par : « C’est à cause de ces parasites que j’ai balancé la voiture de M’hanna (qui n’est pas militant du MAK-Anavad) dans un ravin dans la région d’Igawawen alors que ce dernier m’a cédé le volant pour me faire plaisir et pour que je me sente de nouveau en confiance ». Il a expliqué que son ami et lui ont été conduits par des passants aux urgences d’Iferhounen. Durant toute la rencontre, Lounis a également montré des troubles comportementaux, se tenant la tête parfois en citant ses parasites, pleurant parfois, disant avoir peur de devenir fou et voir sa vie foutue en l’air… Son ami Nordine lui avait commandé deux cafés à sa demande, mais dès que le café se posait sur la table, Lounis hésitait à le sucrer et l’ingurgiter, comme s’il allait avaler du poison.
Nordine s’est excusé auprès de Lounis, lui expliquant qu’il devait rentrer un moment chez lui, s’assurant du bien-être de sa mère qui était malade, avant de revenir. Ils ont donc quitté le café à trois, puisque l’ami de Lounis était avec eux. Après s’être rendu chez lui et étant rassuré pour sa mère, Nordine a contacté deux autres militants d’Akbou, afin de l’épauler à convaincre Lounis pour se reprendre en main et consulter un médecin. Chose que Lounis n’a pas aimé entendre quand ils étaient dans le café quelques minutes plus tôt. Les trois militants se sont rencontrés avant d’aller chercher Lounis qui était toujours en compagnie de son ami, et l’inviter lui seul à un autre café pour discuter sereinement. Toujours hésitant à ingurgiter le café qu’il avait demandé quelques instants plus tôt et toujours troublé, Lounis s’est finalement dit rassuré d’être entouré par ses amis qui étaient disposés à l’écouter et à l’aider. Ces derniers l’ont finalement convaincu de consulter un psychologue et aussi de rentrer chez lui pour rassurer sa famille, puisque, selon ses dires et ceux de son ami précédemment cité, il avait passé les jours précédents chez son ami à Akbou. Le soir même l’un de ses trois amis l’a conduit dans sa demeure familiale à Amalou et a rencontré son frère qui lui avait confié qu’ils ne l’avaient pas vu depuis des jours.
Nous continuons à accompagner Lounis dans ce qu’il endure
Depuis, ses amis militants des coordinations MAK-Anavad Aqvu, Tazmalt et Ighrem lui ont rendu visite à maintes reprises chez lui, toujours en la présence de son frère le plus proche, Azzedine. Depuis lors, nous l’avons accompagné chez un psychiatre et chez un psychologue deux fois, où il s’est vu administrer un traitement qui semble d’ailleurs apporter ses fruits. Cela pour répondre à certaines langues trop pendues, qui avait laissé entendre que Lounis a été abandonné à son sort. Nous l’avons bel et bien pris en charge, sauf que nous n’avions pas fait la promotion de nos actes, puisque c’était un simple devoir envers notre frère militant et non pas une occasion pour nous faire de la publicité.
Quant à une déclaration publique officielle du MAK-Anavad et de l’Anavad, c’est nous-mêmes au niveau local qui avons décidé de garder notre calme et avons également avisé l’Anavad de la situation, tout en lui conseillant de demeurer en Stand by, entre temps que nous poursuivons nos investigations quant aux détails de l’interpellation, l’accident de la routeet la supposée agression de Lounis. Nous n’avions pas voulu nous précipiter en donnant des informations non vérifiées à l’opinion publique.
Quoi qu’il en soit, nous restons solidaires avec notre ami Lounis et nous sommes disposés à continuer de le prendre en charge et l’accompagner en cette épreuve difficile qu’il traverse et que nous traversons à ses côtés.
Nous continuerons de communiquer, dans le détail, sur l’évolution de la situation à nos militants, inquiets de la situation de Lounis.
Conjointement rédigé par la Coordination locale d’Aqvu et la Coordination Régionale de l’Est.
SIWEL 061525 May 17 UTC