PARIS (SIWEL) — Le président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad) et du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), Mass Ferhat Mehenni, a adressé ce lundi 24 mai 2021 un courrier à plusieurs chefs d’État et de Gouvernement du monde libre, ainsi qu’à l’Organisation des Nations Unies, à l’Union Européenne, au Congrès américain, à l’Union Africaine et les organisations internationales de défense des droits humains.
Siwel publie ci-dessous l’exemplaire de la lettre adressée au Secrétaire Général de l’ONU :
A MONSIEUR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU
OBJET : ACCUSATIONS FALLACIEUSES DE l’ALGÉRIE CONTRE LE MAK
Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU
Le 18 mai 2021, l’Algérie a commis la forfaiture de classer le MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) comme une organisation terroriste.
Par respect pour nous-mêmes, pour le peuple kabyle et pour les nobles principes et idéaux qui nous animent, au premier rang desquels il y a la non-violence, le respect des droits humains, la liberté de conscience et de penser tels qu’énoncés dans nos textes fondamentaux du Projet pour l’Indépendance de la Kabylie (PIK) annexé à cette lettre), nous tenons à dénoncer auprès de Votre autorité et de l’opinion mondiale, cette infâme décision.
Le terrorisme se caractérise par l’usage de la violence indiscriminée contre des populations pour atteindre des objectifs idéologiques ou politiques. Ce n’est nullement notre cas.
Il est pour le moins étrange que les véritables organisations terroristes comme les islamistes du GIA et du GSPC en leur temps, ou comme l’actuelle AQMI agissant pour le compte de l’Algérie, ne soient pas déclarées comme terroristes alors que le MAK qui revendique pacifiquement un droit politique, le droit légitime du peuple kabyle à l’autodétermination, soit classifiée comme terroriste au mépris des critères présidant à cette définition.
Nous mettons au défi le régime algérien d’apporter la moindre preuve d’actes commis par le MAK justifiant de le classer en tant qu’organisation terroriste. Nous sommes prêts à le confronter devant toutes les instances internationales. La recette selon laquelle « pour tuer son chien, il faut l’accuser de rage » ne passera pas !
Nous déclarons solennellement devant toute l’humanité n’avoir jamais projeté, à un quelconque moment de notre existence en tant que MAK, d’user de violence physique ou morale.
Pour assumer nos responsabilités, nous avons demandé à nos cadres et partisans de ne jamais verser dans la clandestinité et d’assumer en femmes et en hommes de paix nos choix politiques et pacifiques, et ce, quelle que puisse être la férocité de la répression.
Nous craignons que par cette décision irresponsable, les autorités algériennes n’en viennent à commettre elles-mêmes des attentats terroristes pour les attribuer à notre mouvement qu’elles tentent par tous les moyens de diaboliser.
Nous lui rappelons que le droit à l’autodétermination est inaliénable et inscrit dans toutes les conventions universelles et la Charte des Nations Unies auxquelles l’Algérie a souscrit et au nom desquelles elle s’implique dans le conflit israélo-palestinien et celui du Polisario avec le Maroc. Il faut qu’elle sache que nul pouvoir ne peut nous empêcher de revendiquer ce droit pour la Kabylie.
Cette décision est elle-même est un acte de terrorisme d’Etat. Elle vise à menacer, faire peur et terroriser le peuple kabyle pour des raisons politiques : le faire renoncer à sa revendication d’autodétermination.
Il est probable que cette insensée classification du MAK réponde à deux besoins.
Le premier est de « terroriser » la Kabylie pour la faire participer aux législatives du 12 juin qu’elle a décidé de boycotter comme elle a déjà réalisé un score fabuleux de zéro votant à la présidentielle du 12/12/2019, puis à la révision constitutionnelle du 01/11/2020. La seule échéance électorale à laquelle le peuple kabyle aspire est celle de son référendum d’autodétermination.
Le deuxième besoin consisterait à transférer le traitement de la question kabyle aux militaires algériens. Or, le droit à l’autodétermination ne relève pas du ministère de la défense mais des instances politiques de l’Algérie. La question kabyle n’est pas militaire, elle n’est que politique et juridique. Les militaires algériens ne nous pousseront pas à la faute de la clandestinité ou de la violence armée.
Les autres raisons de cette incongrue taxation du MAK en tant qu’organisation terroriste sont à chercher dans le contexte sociopolitique et économique dans lequel le régime se retrouve aujourd’hui.
La dilapidation de la rente pétrolière, des milliers de milliards de dollars en 50 ans, l’incapacité d’un équilibre clanique au sommet de l’armée et la confrontation à une opposition de la rue sans interlocuteurs crédibles ont mené le régime algérien à cette impasse totale. Il pense que la seule façon d’en sortir serait de nouveau la diabolisation du MAK et des Kabyles ; diabolisation dont les racines plongent dans l’histoire du pays, artificiellement créé par la colonisation française.
La Kabylie a de tous temps été à l’origine de l’instabilité algérienne, que ce soit du temps de la France ou depuis son départ. Pour ne pas repartir loin dans le temps, ne retenons que les faits saillants du MAK et du contexte dans lequel il évolue.
En date du 28/09/2017, nous avons fait parvenir à votre Secrétariat le Mémorandum pour le droit à l’autodétermination de la Kabylie dont nous annexons copie à ce courrier. Il était accompagné d’un certain nombre de dossiers historique, socioéconomiques, politiques et culturels légitimant notre demande au regard du droit international.
Le MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) est né en 2001, après que le pouvoir algérien ait tiré sur des manifestants pacifiques réclamant le respect du droit à la vie, en Kabylie.
Parti d’une revendication d’un statut de large autonomie pour la Kabylie, notre mouvement s’est hissé à celle du droit à l’autodétermination du peuple kabyle après qu’il ait fondé l’Anavad (Gouvernement Provisoire en exil) le 1er juin 2010.
Malgré la répression de nos partisans, le MAK n’a cessé de progresser et de gagner du terrain au point de devenir largement majoritaire aujourd’hui.
Empêtré dans le projet d’un 5e mandat de Bouteflika, en 2019, le pouvoir militaire est confronté à un mouvement de protestation populaire sans précédent. Pour diviser celui-ci, les stratèges politiques du régime n’ont rien trouvé de mieux que de stigmatiser les Kabyles en les désignant comme les animateurs de cette fronde générale et comme des fauteurs de troubles.
C’est la même stratégie qui fut utilisée contre Hocine Ait Ahmed lors de l’insurrection de la Kabylie entre 1963 et 1965.
L’assassinat en 2001 de plus de 130 personnes, en majorité des jeunes dont des mineurs, ainsi que le fait d’avoir fait plus de 5000 blessés dont plus de 1200 handicapés à vie, par les autorités algériennes, atteste de la violence et du climat de guerre que la Kabylie continue de vivre. Le rapport accablant du Professeur Issad vis-à-vis des responsables algériens notamment des militaires, n’est jamais sorti du tiroir dans lequel le président Bouteflika l’a jeté. Pire ! Ces crimes d’Etat ont été auto-amnistiés.
Les 18, 19 et 20 août 2019, s’était tenu à Mostaganem, dans l’ouest algérien, un congrès sous les auspices des corps de sécurité, pour décider d’une politique appelée « ZERO KABYLE », un plan génocidaire contre les Kabyles qui sont au moins au nombre de 12 millions.
Trois mois plus tard, le 29/11/2019, un étudiant kabyle, Walid Nekiche, fut arrêté à Alger. Il a été torturé et violé durant les interrogatoires pour lui faire avouer son appartenance au MAK. En vain. Malgré le déchaînement des télévisions algériennes aux ordres, le projet fut momentanément abandonné, du fait notamment de la pandémie du coronavirus.
Le 06/09/2020, le président du MAK a échappé à une tentative d’assassinat à Paris.
Un mois plus tard, le responsable du MAK de la Coordination-ouest est mis en prison pour atteinte à l’unité nationale sur la base d’un dossier vide.
Le 31 mars 2021, le ministère de la défense annonce avoir arrêté un groupe de 8 personnes appartenant au MAK et préparant des attentats contre les marches à travers tout le pays. Ridicule ! Personne n’a jamais plus entendu parler de ce groupe et de l’identité de ses membres. Le président du MAK n’a pas manqué de démentir les allégations ainsi portées contre lui.
Le 20 avril, le MAK réaffirme son caractère populaire lors des grandioses marches en Kabylie et à l’étranger.
Le 25 avril, le Ministère de la Défense algérien reprend l’information de fin mars et taxe le MAK pour la première fois de terroriste avant de se rétracter en le taxant juste de « séparatiste ». Le ministère affirme détenir des preuves contre lui. Sa dépêche est reprise par toutes les agences de presse du monde. Néanmoins, le démenti officiel du MAK a permis de remettre les pendules à l’heure, dès le lendemain.
Mis au défi d’apporter les preuves de ce qu’il avance, le ministère de la défense exhibe un délinquant notoirement connu chez lui, ramené de prison, et présenté comme militant du MAK, pour témoigner devant caméras officielles qu’il est un trafiquant d’armes et qu’il fournissait les responsables du mouvement. Toute l’Algérie en riait tellement les faits sont grotesques et le montage invraisemblable. Le directeur de la télévision officielle fut relevé de ses fonctions.
Nouveau cinglant démenti officiel du président du MAK par vidéo.
Le 17 mai 2021, toutes les télévisions du pays ont diffusé en simultané un reportage sans fondement préparant l’opinion à une apocalypse du MAK déstabilisant l’Algérie.
Le 18 mai, la décision de classer le MAK en tant qu’organisation terroriste est rendue publique par les plus hautes instances algériennes.
Cette folie dont il y a lieu de redouter les conséquences sur la sécurité du peuple kabyle est à contrer par la vérité des faits que nous venons de retracer.
Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU
Je vous adresse cette lettre pour demander votre intervention contre un crime contre l’humanité que le pouvoir algérien semble vouloir perpétrer incessamment contre le paisible peuple kabyle.
Je vous demanderais également de soumettre à la Commission des Droits Humains de l’ONU l’étude des faits pour déterminer qui du MAK ou du pouvoir algérien devrait être mis au ban de la communauté internationale.
Je vous prie, Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies, d’agréer mes sincères salutations et celle de mon peuple épris de paix et de liberté.
Le 24 mai 2021.
Signé : Monsieur Ferhat MEHENNI
Président du MAK et de l’Anavad
SIte du Mémorandum pour le droit à l’autodétermination de la Kabylie : https://memorandum.kabylie-gouv.org
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