KABYLIE (SIWEL) — La commune de Bejaïa compte 39 mosquées et le chiffre continue toujours de grimper. A Sidi-Ahmed, une nouvelle mosquée pouvant contenir quelque 3000 fidèles est en phase du lancement de sa construction. Ce projet du pouvoir obéit à la politique de salafisation de la Kabylie, à l’endoctrinement et la fanatisation des esprits. Les discours des imams recrutés et payés par ce même pouvoir sont orientés contre les libertés fondamentales : liberté d’opinion, de pensée, de religion, de conscience…Les prêches du vendredi 22 février 2019 peuvent encore témoigner de l’emprise du pouvoir sur la religion. Les prêches sont aussi orientés contre la femme, celle qui veut se libérer du joug de l’obscurantisme moyenâgeux.
L’exemple de la gérante du salon de thé de Sidi-El-Mouhoub est édifiant. La mosquée de ce quartier a joué un rôle capital dans la distillation des sentiments haineux envers la femme libre, émancipée. Les ennemis savent ce qu’ils font. La femme représente un enjeu civilisationnel majeur. Le progrès de la société dépend amplement du respect de la dignité et de la liberté de la femme.
La ville de Bejaïa, à l’instar d’autres contrées de notre région, est continuellement poussée vers la régression. Il s’agit d’une politique bien réfléchie et soigneusement préparée dans les laboratoires obscures de la police politique. L’aspiration de la population de Kabylie à vivre dans la modernité et le progrès est sournoisement contrariée.
A quelques exceptions près, les élus FFS et du RCD ont une grave responsabilité dans la catastrophe que vit la Kabylie. Ils ont fermé l’œil devant toutes les forfaitures des décideurs, surtout ceux (élus) de la Kabylie. Et ils continuent encore à siéger dans les assemblées et à vouloir y retourner à chaque fois qu’il y a renouvellement des mandats électoraux. Malgré le profond discrédit qui frappe de plein fouet ces partis, ils reviennent toujours aux affaires municipales, par la grâce du tribalisme, du familialisme et de l’affairisme de bas étage. Et l’on comprend aisément pourquoi le pouvoir ne voudra jamais aller jusqu’à leur interdiction.
En 2018, j’ai eu déjà à dénoncer publiquement le projet de construction d’une mosquée à la cité Tobbal, près du siège de l’UNFA. Une pétition contestant ce projet a été signée par de nombreux habitants du quartier et adressée à l’APC et à l’APW. Les deux assemblées élues ont trahi l’espoir des contestataires, car elles leur ont promis de prendre en charge leurs revendications avant de leur tourner le dos. Résultat : le projet se concrétisa et c’est le maire-FFS qui lui délivra un permis de construire. Le RCD ne souffla mot là-dessus. Quelle belle complicité.
Aujourd’hui, tous les quartiers de la ville de Bejaïa risquent de voir pousser d’autres mosquées confiées aux salafistes wahhabites les plus rétrogrades qui puissent exister. La vente et la consommation effrénée de la drogue dans les quartiers délaissés aggrave davantage la situation. Voilà le programme mortifère concocté dans les officines du pouvoir pour livrer la jeunesse kabyle au fanatisme et à la clochardisation.
Qu’attendons-nous pour agir et arrêter cette descente aux enfers ?
Il est urgent d’investir convenablement, assidûment, les quartiers de la ville. Les autorités, élus y compris, les ont délaissés, abandonnés. L’opposition au système commence dans les quartiers, car le pouvoir a réussi en grande partie à les clochardiser pour mieux pervertir la jeunesse.
Je reviendrai sur le sujet.
Kader Sadji
SIWEL 152228 JUI 21