EXIL (SIWEL) — Le président du Gouvernement provisoire kabyle en exil, Mas Ferhat Mehenni, a appris avec tristesse la disparition de Said Boukhari, l’un de ses compagnons de combat, en exprimant ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proche, il lui adresse ce message :
Cher ami,
Ta jeunesse fut à jamais irradiée par le printemps. Pas n’importe lequel. Celui de tes dix-huit ans qui exhalait l’euphorie de la révolte de 1980. Elle fut emportée par les crues de la renaissance, les remous d’une révolution kabyle dévorante d’espoirs amazighs dont l’onde de choc est allée s’amplifiant dans l’espace et dans le temps.
Tu avais vécu chacune de ses étapes. Les émeutes de l’automne 1985, le procès de La Cour de Sûreté de l’Etat à Médéa, en décembre de la même année quand tu aidais nos familles à survivre à la répression. Tu étais là, en octobre 1988.
Tu avais rencontré Said Khellil et Said Chemakh auxquels tu étais resté attaché jusqu’à ton dernier souffle. Avec eux, tu avais fait les Commissions Nationales du MCB et nous nous étions retrouvés à gérer ensemble le boycott scolaire et ses péripéties. Ce sont tes enfants que tu as vus reprendre le flambeau à la colère populaire qui explosa au lendemain de l’assassinat de Matoub Lounès.
Puis, un autre séisme, un autre printemps, le Noir de 2001. Comparé à celui de 1980, nous avions de la chance nous qui n’avions écopé alors que de prison.
Les dix-huit ans de tes enfants ont été emportés par la furie meurtrière d’une Algérie que tu avais toujours rêvée fraternelle et plurielle mais dont le traitement qu’elle nous réserve en tant que Kabyles est à ce jour celui d’un ennemi.
Cher ami,
Malgré l’exil, je serais moralement dans la foule qui t’accompagne aujourd’hui là où un jour nous nous retrouverons et nous serons toujours aussi sincères et engagés que nous l’avons toujours été.
Tu n’emportes pas une mémoire avec toi. Tu restes dans la nôtre
À plus tard
Ferhat Mehenni
SIWEL 230924 NOV 17 UTC