KABYLIE (SIWEL) — L’historien officiel de l’histoire algérienne Benjamin Stora a remis au Président français Emmanuel Macron, le mercredi 20 janvier 2021, un rapport de cent-soixante pages sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
La mission a été confiée également à la partie algérienne en la personne du conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence coloniale algérienne, Abdelmadjid Chikhi, désigné par Alger pour rétablir la vérité sur la période coloniale en binôme avec Benjamin Stora.
Comme il fallait s’y attendre, la partie algérienne a brillé par son absence et son silence. Un non-Etat en décomposition avancée ne peut prétendre à rivaliser avec son ancien colon. Aucune contribution, hormis des déclarations populistes.
Dans ce pays ou la guerre de libération a été menée principalement par la Kabylie et le peuple kabyle, ce rapport est glaçant. On y décèle une volonté manifeste d’effacer la Kabylie de la mémoire officielle des deux pays.
Serait-il un prélude pour considérer la Kabylie comme un pays à part, distinct de l’Algérie, ou tout simplement, la suite logique du projet funeste Zéro Kabyle en cours d’exécution par l’Algérie coloniale.
Le rapport essaye, tant bien que mal, de proposer les voies et moyens, comment parvenir à réconcilier les différentes mémoires, en compétition conflictuelles, pour en faire du traumatisme profond et de l’impossible oubli une seule mémoire commune apaisée pour tous les belligérants, et surtout éviter la question lancinante de la repentance et d’excuses de la France qui reviennent, tel un boomerang, dans le débat en permanence, mais impossible à admettre aux yeux de l’Etat français.
Pour l’Algérie coloniale, la repentance est l’Alpha et l’Oméga de la solution qui résoudra tous les problèmes et maux de l’Algérie. Pourtant, Comme indiqué dans le rapport et avoué par les historiens algériens, l’Algérie, à ce jour, est incapable de produire une demande avec une méthodologie scientifique, responsable et claire pour construire la vraie histoire coloniale. En revanche, elle se contente de formuler des demandes populistes simplistes, destinées à la galerie vox-populi, comme le besoin insistant de la repentance et la récupération des archives de la période coloniale.
Elle souhaite récupérer les archives, sachant que ces archives sont gênantes et très douloureuses, pour les falsifier, voire les détruire complètement, et de surcroît les archives qui concernent la Kabylie.
Alors que la grande majorité des atrocités coloniales, de brutalisation culturelle à la négation de droit, des pratiques de tortures aux internements et exécutions sommaires, des dépossessions culturelles et foncières au cortège de cruautés de la guerre et les centaines de milliers de morts, sont subies par la Kabylie sur son territoire et par son peuple, ce rapport a complètement effacé la Kabylie, le peuple kabyle et surtout les révolutionnaires qui sont majoritairement Kabyles. Limite, on se croirait qu’il s’agissait d’un autre pays que nous ignorons.
L’utilisation de l’appellation « peuple algérien » a été utilisée et abusée à outrance. Il est incongru pour un professeur d’histoire du rang de Benjamin Stora d’ignorer, si ce n’est pas fait délibérément, l’existence de plusieurs peuples en Algérie. Le peuple Kabyle qui aspire à son indépendance en est un.
Pourquoi la France insiste-t-elle sur la réconciliation, sachant que l’Algérie n’est pas demandeuse ? Elle est même hostile à toute perspective de paix et de réconciliation, qui plus est, elle en fait un fond de commerce pour faire perdurer le régime dictatorial et colonial en place.
La raison est bien évoquée dans le rapport : « Réconciliation, parce que l’Algérie occupe une place très importante dans l’ensemble du bassin méditerranéen. L’Algérie, avec ses 1400 kilomètres de côtes, est la plus longue frontière entre l’Afrique et l’Europe. Il est inutile de préciser que son rôle dans les développements migratoires est essentiel dans cette partie du monde. D’autre part, le Sahara algérien, plus grand désert du monde, occupe des centaines de kilomètres de frontières, avec la Libye, le Niger, le Mali… C’est la plus grande frontière saharienne, où se joue un affrontement considérable face aux groupes djihadistes qui tentent de déstabiliser la région subsaharienne. Cette double frontière, méditerranéenne et saharienne, donne à l’Algérie un poids considérable dans le règlement des problèmes actuels, sur l’immigration, le terrorisme, ou l’instabilité qui règne dans certains pays de cette zone ». Ajouté à cela, les immenses richesses souterraines, du pétrole, du gaz, du fer, de l’or, de l’Uranium, de l’énergie solaire, etc…
Pour Benjamin Stora, la priorité est aux intérêts économiques et géopolitiques, ce qui n’est pas surprenant. Exit le droit des peuples, les droits humains, et surtout la gênante et rebelle Kabylie.
La Kabylie, qui a déjà exprimé par la voix de l’Anavad, à deux reprises, son refus de récupération des archives par le régime colonial algérien, ne court guère derrière une repentance, ou une quelconque réconciliation. Pour la simple raison que la Kabylie est toujours colonisée ! La France coloniale est vaincue, mais la colonisation arabo-islamiste algérienne, plus coriace et plus violente, est toujours là.
La Kabylie souhaite revenir à la vraie histoire, loin des machinations, falsifications, triturations, manipulations orchestrées par la France et l’Algérie.
Le peuple kabyle veut être reconnu comme un peuple à part entière qui exercera son plein droit à l’autodétermination. La Kabylie veut revenir à son statut d’indépendante d’avant 1857, avant qu’elle ne soit annexée de force à l’Algérie française, sans qu’il y’ait capitulation comme l’ont fait les deys et les beys turcs, comme l’a fait également le pseudo-émir Abdelkader.
Non adepte de la politique des mesurettes, la Kabylie n’est nullement intéressée, ni de près ni de loin, par les préconisations énoncées dans ce rapport pour la réconciliation des deux pays. La Kabylie souhaite aller à l’essentiel, celui de récupérer sa souveraineté perdue en 1857.
La France, responsable de cette situation, a un rôle primordial à jouer pour réparer cette injustice commise contre la Kabylie et le peuple kabyle. L’Etat kabyle libre et indépendant saura, le moment venu, se réconcilier de manière responsable avec ces colonisateurs la France et l’Algérie arabo-islamiste.
Le passage en force que tente d’imposer la France et l’Algérie à la Kabylie, celui d’une histoire officielle fabriquée et triturée, ne passera pas. La Kabylie indépendante n’acceptera jamais cet affront. Elle ne laissera jamais d’autres peuples lui écrire sa propre histoire. Elle saura écrire, elle-même, sa propre histoire, par ses propres historiens, qui sont d’ailleurs exclus dans cette œuvre « réconciliatrice » entre l’Algérie et la France, mais qui met la Kabylie OUT de facto. Projet Zéro Kabyle oblige !
CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante
SIWEL 290920 JAN 21