« En sauvant la Kabylie »d’abord », nous sauverons tous ses voisins ensuite » Ferhat Mehenni
L’ancien ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012 entre 2017 et 2020, Monsieur Xavier Driencourt, où il a observé de près les débuts et les après du Hirak depuis sa retraite prise, vient de lancer dans le journal Le Figaro ce lundi 9 janvier un gros pavé dans la fange nauséabonde du repaire de la Mouradia et du terrier des Tagarins.
En des termes très francs nonobstant le fait qu’il soit à la retraite, ses mots ont fait mouche. N’est-ce pas qu’un ancien ambassadeur ou un ancien militaire reste un « officiel » en cela la junte pèse bien ce fait d’où son courroux.
Qu’on en juge ! Dans sa tribune, monsieur Xavier Driencourt observe un « effondrement » de l’Algérie en cours, qui entraîne dans sa chute la France. Il ajoute « un système militaire formé aux méthodes de l’ex-URSS », « brutal tapi dans l’ombre d’un pouvoir civil », « affairiste » comme l’ancien système, « obsédé par le maintien de ses privilèges » et pire « indifférent aux difficultés du peuple algérien » ce héros tant loué du Hirak béni.
L’ancien ambassadeur de France relève aussi « la répression qui s’est abattue sur le pays », une « répression élaborée et mise en œuvre par une armée » entendant de fait, une répression systémique et systématique propre aux systèmes dictatoriaux et fascistes. Monsieur Driencourt, la mémoire longue, ne manquera de rappeler cette « Algérie » qui ne cesse de glorifier les combats contre la France, « ennemi éternel » dixit El Hachemi Djaâboub, ancien ministre algérien du Travail.
Ancien diplomate, fin connaisseur de la junte algérienne qui l’a éconduit à plusieurs reprises sur la question de la réouverture des Instituts Français de Tizi Wezzu et de celui de Bougie (Vgayet), anciennement » Centre Culturel Français », réouvertures à auxquelles il tenait fortement mais restés hélas fermés à ce jour, relève que la France se méprend sur le cas de Tebboune. Il relève que céder sur les dossiers (visas et mémoire) ne gagnera pas les algériens à la cause de la France (remplacée au Mali par les russes grâce la complicité d’Alger, (NDLR)).
Enfin dans le même ordre il ponctue « nous faisons mine de croire que le pouvoir algérien est légitime à défaut d’être démocratique, que le discours anti-français est un mal nécessaire mais transitoire, que la démocratie est un apprentissage qui prend du temps ». Monsieur l’ambassadeur fait-il allusion à la sempiternelle ritournelle de la propagande algérienne relayée par le FLN et ses congénères de toutes catégories pour tromper son monde « l’Algérie est un pays jeune, il a besoin de temps pour mûrir et la haine anti-française s’estompera tout en…l’entretenant et tutti quanti ».
« Effondrement de l’Algérie, quid de ses conséquences sur la Kabylie ?»
Et maintenant ! Quelle possibilité pour la Kabylie afin d’éviter d’être entraînée dans ce maelström algérien sans fin depuis 1962 ? Les Kabyles favorables au statu quo colonial, favorable à leurs intérêts et privilèges personnels, y ont-ils pensé ?
Mas Ferhat Mehenni, Président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, MAK, qui a prédit cette situation depuis ^plusieurs années, a évoqué ce cas dans un tweet. Il observe « L’Algérie s’effondre » mais inquiet pour la Kabylie occupée, dont le futur est dangereusement compromis par la situation algérienne très labile dont le basculement dans l’inconnu est désormais en cours, il ajoute « Il est de notre devoir de ne pas laisser entraîner la Kabylie avec elle (l’Algérie) » car « En sauvant la Kabylie »d’abord », nous sauverons tous ses voisins ensuite ». En premier lieu, l’adresse tacite, est pour tous les Kabyles à se rassembler afin de présenter un front anticolonial uni, ensuite aux algériens à sortir de leur apathie et de se prendre en charge, enfin à la France, qui subit déjà un débarquement continu de boat-peoples algériens, présage d’un large exode à venir, à reconnaître le droit à l’autodétermination de la Kabylie à l’instar de ce qu’elle a fait avec l’Algérie en 1960.
Monsieur Xavier Driencourt décrit la problématique en écrivant « 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession, partir et fuir » et que « à ce rythme-là, peu de gens resteront en Algérie ». Sacré diplomate, son excellence, par amalgame, a même comptabilisé le peuple Kabyle occupé dans la démographie algérienne arabe.
En partant du postulat que la jeunesse est l’avenir d’un pays, tout comme la femme est l’avenir de l’homme, cher à Aragon, la fuite hémorragique de milliers de jeunes algériens et de jeunes Kabyles, la sève d’un pays, niés dans leur culture, leur identité, leur langue (Taqvaylit) et dont le territoire, la Kabylie, est incendié et saboté etc… Cette fuite vers l’occident et particulièrement vers la France, est non seulement le signe d’un triste désespoir mais de la perte de confiance chez les Algériens en leur junte. Et pour les Kabyles entraînés à leurs corps défendant dans cette aventure algérienne coloniale, un exil forcé.
Plus grave que le mal économique, le mal social avec ses violences, son racisme anti-Kabyle et son antisémitisme, défouloirs des Algériens, est très grave et les lamentables conséquences sont visibles depuis longtemps.
Situation alarmante et fuite en avant.
Comme à l’accoutumée, là où des dirigeants et des gouvernants dignes de ce nom, soucieux de l’avenir et du bienêtre de leur pays et de leur population, aidés par leur élite, au sens propre du terme, prêtent attention à l’alerte donnée et examinent la problématique posée, en l’occurrence celle soulevée ici avec inquiétude par Monsieur Driencourt, cette junte a déjà actionné ses agents et sa clientèle pour ouvrir un débat/clos unilatéral. En somme, une réponse type à opposer à monsieur Driencourt.
Prompte à réagir à la seconde, lorsqu’un événement est positif pour cette « Algérie » en cours d’effondrement, toute la presse algérienne a saisi l’importance de la délicate question soulevée par le diplomate français. Elle a attendu que la junte donne le la de la réponse à donner à la tribune publiée dans le quotidien français, Le Figaro pour en parler.
Les consignes prises auprès de la junte, les pontes et les obligés, (Goudjil, Rehabi et Benzain) suivis, enfin par la presse aux ordres, ont ouvert et fermé le débat en même temps sur un ton inamical.
Biaisant la problématique soulevée, caractéristique propre à la junte dictatoriale algérienne, pour éviter un débat profond et contradictoire, ces personnages ont été chargés de noyer le poisson ; rappeler les méfaits de la colonisation française et de ses conséquences, que cette tribune est le produit des revanchards et des nostalgiques de « l’Algérie » française, en clair user des habituels faux-fuyants pour éluder le véritable sujet.
CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante