KABYLIE (SIWEL) — Dans la série viol au commissariat de police, les algériens viennent de vivre un nouvel épisode sur la torture dans ce pays en le témoignage de Said Chetouane, un adolescent d’à peine 15 ans arrêté lors de la marche pacifique à Alger ce samedi 03/04. En pleurs, son témoignage a bouleversé et choqué les populations algériennes et la communauté internationale. Il a été torturé moralement, un viol, il a subi des attouchements sexuels en plein commissariat par des agents sensés respecter la loi et la faire respecter.
Après certains activistes de l’agitation politique, torturés et violés dont certains, Walid Nekkiche et Sami Bournane ont témoigné avec courage des sévices sexuels qu’ils ont subi, cela dénote bien sans équivoque que ces actes ne sont pas le fait d’agissements isolés de certains pourris dans la police mais bien d’une politique systémique et systématique élaborée afin de casser psychologiquement les manifestants pacifiques et dissuader ainsi toute dissidence politique.
En Algérie, un pays conservateur, patriarcal, théocratisé à outrance, la virilité érigée en dogme, le viol lors des séances de torture est la punition suprême et la junte le sait qu’elle en use et en abuse. La victime n’ose pas en témoigner tant le tabou social qui enveloppe toute la sphère de l’intimité sexuelle est lourd à dévoiler et à porter.
À bien des égards, le cas de l’adolescent Said Chetouane, 15 ans, torturé dans un commissariat algérois rappelle bien celui de Hamza Al Khatib, un adolescent syrien âgé de 13 ans, arrêté fin avril 2011 en compagnie d’autres camarades de son âge lors des manifestations anti Assad le chimique. Hamza a été torturé et mutilé à mort. À sa famille qui a dénoncé cette sauvagerie il a été répondu par les tortionnaires du régime, qu’ils n’avaient qu’à faire un autre enfant et que s’ils ne pouvaient le faire, qu’ils leur envoient leurs femmes et ils s’en chargeaient.
Mal en a pris à ces tortionnaires. La famille Al Khatib appartient à une très forte tribu qui compte plus d’un million d’âmes, a décidé de venger leur enfant Hamza s’ajoutant ainsi aux millions de syriens descendus dans les rues. Le résultat est connu, la Syrie est factuellement disloquée, Bachar règne sur un pays qui ne lui appartient plus, occupé par les turcs, les iraniens, les russes, les USA et le Daech.
Ainsi que nous l’indiquions plus haut si les victimes des sévices sexuels gardent le silence sur ces aspects intimes tabous dans la société algérienne, il n’en demeure pas moins que cette torture sexuelle est une arme à double tranchant qui se retourne contre le tortionnaire, ici l’État algérien et sa police, quand les victimes décident avec courage de témoigner.
Actuellement non seulement les instances internationales des Droits Humains et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme sont informés des cas cités plus haut, mais l’affaire en cours du gamin Said Chetouane présente un cas particulier lourd de conséquences pour la junte. Les algériens blessés dans leur dignité ne sont pas prêts de laisser tomber cette affaire.
Saïd est un enfant qui manifestait pacifiquement contre la junte avec ses camarades, arrêté, il aurait dû être renvoyé chez sa maman avec qui il vit sans passer par la case commissariat, mais malheureusement il a été retenu et torturé moralement par des attouchements sexuels.
Cette pratique fasciste digne des actes Nazis est préméditée elle tend et vise à semer la peur du viol chez les manifestants plus craint que les arrestations ou la prison dans la « société » salafisée, machiste algérienne.
Consciente de la catastrophe sociétale et de l’indignation de l’opinion et des familles choquées face au témoignage en pleurs du gamin auquel est venu s’ajouter celui de sa maman divorcée, désemparée, troublée, dépassée par l’ampleur de ce qu’il vient de lui arriver ainsi qu’à son enfant, la junte militaire paniquée des conséquences vengeresses et de la condamnation internationale, tente comme à son habitude de ruser et d’allumer les contre-feux en accusant les activistes qui ont publié la vidéo d’avoir dramatiser les faits.
La technique est éculée, démentir ensuite biaiser la réalité. Comme dans l’affaire Hamza Al-Khatib, torturé et mutilé à mort où le médecin légiste du régime déclare que le garçon ne présentait aucun signe de torture et que les signes de défiguration étaient dû à la pourriture et que « la dépouille ne présentait pas de traces de torture, de contusions ou de violences » c’est le procureur d’Alger qui l’imite et qui plonge le premier dans le démenti et l’enfumage.
D’après ce magistrat, l’enfant Said aurait dit, le seul fait que j’ai subi « c’est d’être poussé par derrière par talkie-walkie », par « derrière » le terme est vague et ouvert et laisse entendre que le petit Said Chetouane a été poussé dans le dos et si le talkie lui a été planté dans les fesses, cette éventualité est évacuée, donc le gamin Said serait d’une sensibilité exagérée et d’ajouter que les « agents » qui l’ont arrêté et torturé ignoraient son statut de mineur tant ce garçon pourtant à la tête de chérubin à peine sorti de la première enfance avait l’air d’un adulte (sic). Bien sûr les agents avaient les yeux sur le dos ou les fesses de Saïd pour bien planter le Talkie-walkie. Au demeurant pourquoi pousser/frapper une personne pacifique dans le dos ? Ce procureur ne dit pas s’il aurait accepté que son fils ou sa fille du même âge aient subi le même traitement.
La réalité est tout autre, car les témoignages recueillis à chaud de la bouche de Saïd en pleurs ont parlé d’actes de « mankar » abominables, dont ils n’osaient dire la nature, toujours ce tabou, mais dont on devine la signification, viols à caractères sexuels.
Dans la même veine, c’est l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) qui vient au secours de la junte en s’en prenant aux médias pourtant mous dans cette affaire qui ont relayé cette information et aux réseaux sociaux qui ont publié cette vidéo. La faute de l’autre.
Le mercredi c’est autour du bâtonnier d’Alger de participer à l’enfumage. En place et lieu de soulever ce scabreux cas de torture par attouchement sexuels il biaise le sujet pour fustiger, comme à l’habitude, la main de l’étranger qui voudraient « faire basculer l’Algérie dans une crise dans laquelle les algériens s’entretueront » (sic).
Les « accusés » sont déjà trouvés, le père de la victime apparemment retourné comme une crêpe va porter plainte non pas contre les tortionnaires de son fils mais contre ceux qui ont lancé l’alerte. La junte fera de même pour diffamation contre eux, d’où l’intervention perfide de l’ARAV. Les tortionnaires de la police et des Tagarins de la police politique sont désormais rassurés, ils peuvent continuer leur sale et criminelle besogne.
Mais pas de chance pour la junte, l’échos des mensonges de la junte, de ses sbires et de ses agents n’est pas encore retombé que l’organisation internationale de défense des droits Humains, Amnesty Internationale, dénonce dans son rapport publié ce mercredi 07/04, les violations des droits humains commis pendant l’année 2020 par cette junte militaire.
Le parallèle fait avec les mensonges de Bachar le chimique qui a gazé les syriens et fait torturer à mort même des gamins, mais qui persiste à nier met en exergue la même posture dans le mensonge de la junte.
Éconduire les populations par des promesses d’enquêtes, entretenir le doute sur la responsabilité de ses agents, accuse des parties étrangères sans en nommer aucune, minimiser les faits trop voyant, ici le coup du Talkie-walkie par derrière, détourner l’accusation vers d’autres éléments, les activistes politiques et ainsi dans tout ce méli-mélo la junte gagne du temps pour calmer la colère et gagner ensuite l’oubli pense-t-elle.
Le vieux rafiot de la junte militaire arabo-islamiste prend l’eau de toutes parts, morte sur le plan politique, la bande de brigands d’El Mouradia squatte encore ce palais mais le temps semble court désormais pour elle. La colère des algériens violés dans leur conscience gronde.
(*)VILLA SUSINI : Centre de torture à Alger pendant la colonisation
CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante
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