CHRONIQUE (SIWEL) — La nécrose qui s’empare de la Kabylie, très précisément d’une partie non négligeable de sa population, doit donner à réfléchir à tout un chacun d’entre nous.
Cette altération, telle une crue inarrêtable, semble déferler sur la société kabyle et emporte sur son passage des pans entiers vers la compromission et l’abîme. C’est regrettable de devoir revenir régulièrement sur cette atmosphère et ce climat aussi nuisibles que malsains.
Dites-moi docteur, est-ce que cette toxicité est néfaste et contagieuse ?
Rassurez-nous que ce n’est qu’une incommodité passagère.
Que faut-il faire pour convaincre un non voyant, afin qu’il arrête de déambuler dans l’obscurité totale ?
Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire dans l’histoire, tous les peuples aliénés ont été absorbés par le maître colonisateur du moment.
Est-ce qu’une partie de la population d’une société, par anathème, peut signer sa condamnation et celle de l’ensemble de la dite société ?
Nous assistons, depuis de longues décennies, pas seulement ces derniers mois, à une forme de damnation des plus mystérieuses.
Le suivisme, l’imitation, le conformisme, se développent à une vitesse grand V.
Pardon docteur, mais il y’a de quoi être interloqués, même si nous déployons des efforts insoupçonnables pour essayer de comprendre cet état d’esprit qui n’a ni queue ni tête…
Nous tentons de saisir de cette fièvre populaire, d’une quantité non négligeable de Kabyles, mais pour un Kabyle qui tient, mordicus, à son identité, cela reste évidemment énigmatique.
Dites-moi docteur, est-ce que le Kabyle embobiné, endoctriné, embrigadé par celui qui veut sa disparition, va finir, enfin, par sortir de son cauchemar, de son obsession dévastatrice et de ce spectre délirant dont il fait sa raison de vivre ?
Pouvez-vous, docteur, nous éclairer sur ce syndrome de servitude volontaire, cher à Étienne de La Boétie ?
Cet asservissement consenti, est-il un égarement inconscient ou une divagation sans conséquences alarmantes ?
Nous avons beau dire, écrire, versifier, chanter, alerter, etc. sur les épreuves bouleversantes que la Kabylie subit depuis si longtemps, les fourvoyés continuent de faire la sourde oreille, comme si la vie d’un Kabyle, de 1857 à nos jours, ne vaut pas un radis.
Dites-moi docteur, est-ce qu’une poule, avec des boucles d’oreilles, redeviendrait une perdrix ?
Pourquoi le droit chemin ne convient-il pas à cette catégorie de zombies ?
Sont-ils aussi abasourdis que cela ?
Jusqu’à là nous essayons, tant bien que mal, de comprendre ces personnes, quel que soit leur niveau, qui se lancent volontairement dans l’apathie, le marasme, la dégringolade, sans saisir la subtilité des enjeux politiques. Est-ce que, docteur, la masturbation de l’esprit est dangereuse pour la santé mentale ?
Nous avons une patrie, la Kabylie, notre bien le plus précieux, qui a plus de trois mille ans d’âge ; certains des « nôtres » veulent lui substituer une autre, qui n’a de dessein que celui de nous mouler à sa façon et à sa guise.
Entre une vraie patrie millénaire et une fausse patrie, à peine centenaire (180 ans), de surcroît créée par le colonialisme que nos aînés ont chassé, nous sommes en droit de nous interroger sur l’état mental de ces Kabyles à l’esprit grégaire.
Nous constatons que les générations se renouvellent, mais la sortie de l’état comateux tarde à se manifester. Nous nous demandons, pourquoi la nature les a dotés d’un cerveau ? Même si nous savons, modestement, ce qu’il faut en penser, nous avons de vraies difficultés à savoir ce qu’il faut en conclure.
Permettez-moi, docteur, de revenir sur une question qui taraude tous les indépendantistes et souverainistes Kabyles. Pourquoi un Kabyle qui a une vraie patrie, cherche-t-il a en avoir une fausse, nonobstant son risque de se désagréger ?
Excusez-moi docteur, si mes questions sont naïves, voire insignifiantes, mais je suis, comme tout Kabyle indépendantiste, très tourmenté par ce bourdonnement et ce brouhaha ambiants qui font un tort considérable à notre chère Kabylie.
Est-ce qu’enfin cette déferlante cataclysmique donnera à gamberger à cette tranche de Kabyles qui font mine de ne pas savoir à qui prophète le crime ?
Merci, docteur, de nous donner des réponses satisfaisantes et apaisantes pour notre tranquillité d’esprit !
N’ayez crainte pour vos honoraires, j’ai encore quelques petites économies…
A.T. le 04/11/2019.
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