ⴰⵏⴰⵠⴰⴷ ⴰⵇⵠⴰⵢⵍⵉ ⵓⵄⴺⵉⵍ ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE ⴰⴼⵔⴰⵏⵉⵎⴰⵏ ⵉ ⵜⵎⵓⵔⵜ ⵏ ⵉⵇⵠⴰⵢⵍⵉⵢⴻⵏ AFRANIMAN I TMURT N IQVAYLIYEN MOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE |
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TASELWIT PRÉSIDENCE |
COMMUNIQUÉ-CONDOLÉANCES
HOMMAGE DU PRÉSIDENT DU MAK ET DE L’ANAVAD À MAÎTRE ALI YEḤYA AVDENNUṚ QUI VIENT DE TIRER SA RÉVÉRENCE
SGUNFU DI TALWIT A DDA AVDENNUṚ
Dda Avdennuṛ, comme notre génération du MCB (Mouvement Culturel Berbère) l’appelait affectueusement, est parti centenaire. Né en 1921 au village Lemkharda, dans la région de Micli, il avait marqué son époque par l’action et la réflexion. Contemporain de Ali Laïmèche, de Bennaï Ouali et de Krim Belkacem, il était, aux côtés de Aissat Idir, l’un des fondateurs de l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens). Arrêté pendant la guerre d’Algérie, il était détenu dans un camp militaire où il fut violemment maltraité. A sa libération, il avait rejoint le FFS et était le bras droit de Mohand Oulhadj At Wakli et avait fait partie de la délégation kabyle, partie négocier un accord de paix avec Alger.
Devenu ministre sous Ben Bella, en succédant à un autre Kabyle, Amar Ouzeguène, au ministère de l’agriculture, il démissionna de son poste quand Boumediene avait engagé sa politique de la Révolution agraire, à la fin des années 60. À 48 ans, il avait repris le chemin des études pour devenir avocat.
C’est à partir de 1980 qu’il connaîtra sa véritable aura auprès de notre groupe quand il accepta de constituer des comités d’avocats bénévoles en faveur des militants « berbéristes », malgré les réticences de Hocine Aït Ahmed à l’époque. C’est ainsi qu’il démarcha un certain nombre d’avocats et d’activistes politiques trotskystes pour constituer, en mars 1985, la première Ligue Algérienne des Droits de l’Homme. La greffe non-kabyle n’avait pas pris, nous fûmes contraints le 29/06/1985, de créer notre propre Ligue chez Madame Ouzeguène, sans les antikabyles.
Quelques jours plus tard, nous nous sommes tous retrouvés devant la Cour de Sûreté de l’Etat qui nous condamna à des peines allant de six mois à trois ans de prison ferme.
Diabétique, il était incarcéré à l’infirmerie de la prison de Berrouaghia où se trouvait Smail Medjeber et où je fus affecté malgré mon excellente santé.
Dda Avdennuṛ, à l’approche du procès avait donné des cours à certains de nos codétenus sur la manière de nous comporter devant le juge le jour d’audience.
C’était chez lui que nous avions reçu Isabelle Adjani venue à Alger, soutenir la révolution d’octobre 1988. En décembre de la même année, nous étions ensemble pour représenter la LADDH au 40e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dont la cérémonie au Palais de Chaillot à Paris, fut présidée par le président français, François Mitterrand
Après les Assises du MCB ayant donné naissance au RCD, il se rapprochera du FFS et refondera la Ligue des Droits de l’Homme sans nous.
Ayant des liens avec toute la classe politique algérienne, il recevait chez lui, régulièrement, personnalités d’opposition comme celle du sérail. Avec le général Ben Yelles et Ahmed Taleb Ibrahimi, il était maintes fois cité pour constituer une sorte de comité des Sages chargé de mener à terme une transition politique dont le pouvoir militaire n’avait jamais voulu.
Durant la période du terrorisme islamiste, il s’était même illustré en se constituant, au nom des nobles principes déontologiques, en avocat des islamistes.
Homme de caractère, entièrement dévoué à ses fortes convictions, il était alerte et convivial. A son dernier passage à Paris, pour la promotion de son livre consacré à la crise anti-berbère de 1949, nous avions déjeuné ensemble et agréablement échangé sur l’Anavad et le MAK.
Dda Avdennuṛ, Sgunfu di talwit !
Je présente à sa famille, au nom du Gouvernement Provisoire Kabyle, des militantes et militants du MAK ainsi qu’en mon nom personnel, nos condoléances les plus sincères.
Ferhat Mehenni
Président de Gouvernement Provisoire Kabyle
Exil, le 25/04/2021
SIWEL 251500 AVR 21