BARCELONE, CATALOGNE (SIWEL) — L’Espagne acculée à reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple catalan.
Après avoir échoué à faire reculer les indépendantistes catalans par la répression et la violation des droits humains, le gouvernement espagnol en vient enfin à entamer ce mercredi 26/02/2020 des négociations officielles avec ceux qu’il ne voulait pas, après la proclamation de l’indépendance de la Catalogne, le 27/10/2017, reconnaître comme ses partenaires.
En faisant le parallèle entre la Catalogne/Espagne et la Kabylie/Algérie, contacté par Siwel, le président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad), M. Ferhat Mehenni a indiqué qu’ « à problème politique, il n’y a de solution que politique. (…) La Kabylie qui suit avec le plus grand intérêt l’expérience hispanocatalane sait que, l’Algérie face à la Kabylie n’a pas d’autre solution que celle dont la mise en o euvre vient de commencer dans la péninsule ibérique ».
Siwel reproduit ci-dessous dans son intégralité l’article de Nico Salvadó publié sur « Equinox« , le seul média catalan destiné aux francophones :
La Catalogne et l’Espagne ouvrent officiellement le dialogue
Ce n’est pas une relation politique normale, mais ça y ressemble. Pour la première fois depuis les dix dernières années, une délégation catalane rencontre officiellement les représentants de l’État espagnol. La première table ronde a pour objet le dégel entre les institutions catalane et espagnole. Après la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017 et du procès judiciaire ayant envoyé en prison les leaders catalans. L’ancien président Carles Puigdemont a placé ses proches à cette table des négociations. Aux côtés du président du Gouvernement autonome catalan Quim Torra se trouvent la sniper indépendantiste Elsa Artadi et le ministre de la Fonction publique Jordi Puigneró. Ce dernier sera probablement le candidat du parti de Puigdemont lors des prochaines élections catalanes. Avec son noyau dur, l’ancien président veut compliquer le dialogue avec Madrid en imposant comme condition sine qua non un référendum indépendantiste et la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple catalan.
La gauche indépendantiste (ERC) représentée par le vice-président du gouvernement Pere Aragonès et le ministre des Affaires étrangères Alfred Bosch est plus modéré dans ses demandes. La proposition mise sur la table par le gouvernement espagnol, de réformer le code pénal et de baisser les peines de prison pour délit de sédition qui frappe les chefs catalans en prison, est quasiment une fin en soi pour ERC. Ainsi, la gauche indépendantiste se félicite de mettre fin à la répression espagnole avec les prisonniers qui sortiront plus tôt. « Rien d’autre ne sortira de la table des négociations jusqu’aux prochaines élections catalanes » confie à Equinox un haut fonctionnaire gouvernemental encarté à ERC. C’est un dialogue à minima qui commence dans l’attente de ces élections où le peuple indépendantiste tranchera entre la ligne pragmatique de la gauche ou en faveur du projet musclé des amis de Carles Puigdemont.
Grand jeu espagnol
Le gouvernement espagnol de son côté a sorti le grand jeu. L’exécutif qui gouverne en minorité parlementaire au Congrès des députés a besoin des votes des élus catalans pour faire approuver les budgets de l’État au printemps prochain. Du coup, autour du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez en personne, siègent six membres du gouvernement, dont Manuel Castells ministre des Universités favorable au référendum indépendantiste. La présence de proches de la maire de Barcelone Ada Colau à la table des négociations a suscité l’euphorie dans les rangs indépendantistes.
Quant à la droite, elle déplore qu’aucun parti de l’opposition en faveur de l’unité de l’Espagne n’ait été convié à ce réunion.
SIWEL 281345 FEV 20