CHRONIQUES (SIWEL) — Le vaillant Massoud Barzani montre, sereinement mais fermement, la voie qui est choisie par et pour un peuple qui fut (et qui l’est toujours) éparpillé sur plusieurs pays par des frontières arbitraires, crayonnées par les occidentaux pendant la colonisation. De ces frontières insensées, des pays nouveaux dits post-coloniaux ont fait leur apparition et des régimes tout aussi arbitraires, s’y installèrent et réprimeront par tous les moyens ce peuple sans qui, « Daech » n’aurait jamais été poussé dans ses derniers retranchements et qui a, de tout temps, été contraint au cruel dilemme : se diluer dans l’arabo-islamisme ou vivoter dans l’ombre comme un folklore… Cela n’est pas sans rappeler, n’est-ce pas, bien des situations similaires de par le monde, à la différence près que les kurdes ont choisi d’exister et de s’émanciper politiquement.
Dans une interview exclusive accordée à France 24 (21 juin 2017), le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a affirmé que le référendum sur l’autodétermination du Kurdistan irakien, se tiendra le 25 septembre 2017. « C’est une décision irréversible », a-t-il affirmé. Il ajoute, en substance, à propos des arabes et autres communautés d’Irak : « nous n’avions pas pu être de bons partenaires, essayons d’être de bons voisins ».
Marc Perelman entame l’entretien sur les chapeaux de roues avec cette question itérative dans la vie des peuples qui caressent secrètement le rêve de retrouver un jour leur souveraineté : « Pourquoi annoncer la tenue d’un référendum sur l’autodétermination du Kurdistan alors que la situation est explosive dans la région ? ». Massoud Barzani, stoïque, répond : « Ma réponse est : pourquoi pas maintenant ? Nous avons pris déjà beaucoup de retard (…) si nous attendons pendant très longtemps, pour que tous les problèmes soient résolus et la région soit stabilisée, nous allons attendre pendant très très longtemps encore. Cela ne nous permettra jamais de fixer une date pour ce référendum. Au-delà, c’est dans l’intérêt de notre peuple et de la stabilité de la région ».
A la question : « Les occidentaux ont exprimé leur opposition à ce référendum. La Turquie et l’Iran aussi. Or, ce sont des pays qui ont un impact considérable sur ce qui se passe dans la région », M. Barzani réplique : « le référendum sur l’autodétermination du Kurdistan est un droit naturel. Est-ce un crime lorsqu’un peuple, décide, de façon pacifique et démocratique, de se prononcer sur son destin ? Certains disent que le référendum engendrerait des problèmes, moi je dis que ce référendum nous épargnera bien des problèmes. Aussi, beaucoup parlent des droits de l’homme, des libertés, des droits des peuples… je m’adressent à la communauté internationale pour lui dire ceci: pourquoi ne pas appliquer ces principes au peuple kurde ? ».
Quand le journaliste de France 24 demande des précisions sur les « conséquences graves » qui pourraient en découler du fait du maintien du statu quo, M. Barzani assène : « (…) A Baghdad (ndla : en dehors du Kurdistan), il y a une mentalité qui refuse et rejette le partenariat, ce qui ouvre la porte à d’autres probabilités comme la guerre sur nombres de contentieux… ; raison pour laquelle nous pensons que la situation prévalant aujourd’hui est propice pour la tenue du référendum pour éviter le risque d’une confrontation. Nous n’avions pas pu être de bons partenaires, essayons d’être de bons voisins ».
Cela étant dit, je ne sais pas pourquoi j’ai l’étrange impression que Massoud Barzani bat en brèche les mêmes questions/arguments qu’avancent les kabyles qui doutent ou qui s’opposent encore à l’idée de l’indépendance de la Kabylie… Il suffit pourtant de remplacer, dans la bouche du chef kurde, « l’Irak » par « l’Algérie » et « le Kurdistan » par « la Kabylie » pour s’y croire plein dedans, tant les problématiques sont quasi analogues…
Texte de Allas Di Tlelli, repris avec son aimable autorisation
SIWEL 221613 Jun 17 UTC