CHRONIQUE (SIWEL) — Avant l’occupation française de 1830, de l’Afrique du Nord, il y avait ce qu’il convient de qualifier : le pays Oranais (tamurt n Iwehṛaniyen), le pays du Sahara (tamurt n Ṣṣeḥṛa), le pays du centre (Tamurt Talemmast), le pays Chaoui (Tamurt n Icawiyen), le pays du Mzab (Tamurt n Imẓaviyen) et bien sûr le pays Kabyle (Tamurt n Iqvayliyen). En ajoutant le pays Chenwi (Tamurt n Icenwiyen), un peu moins visible que les autres, on en arrive à sept états tribaux qui auraient pu devenir des états constitués si le colonialisme français n’était pas venu pour tout dévaster, tout détruire et tout anéantir avec ses tracés, ses décisions iniques, absurdes et extravagantes en falsifiant délibérément l’histoire de cette large partie de la Berbérie (Tamazɣa).
Il ne faut pas être un brillant historien pour comprendre que l’occupant français n’en avait cure des singularités, des caractéristiques, des cultures, en un mot des identités millénaires de ces contrées qui vivaient dans une harmonie (arme honnie) totale entre elles.
Il n’y a toujours pas assez de mots trop forts pour décrire les dégâts et les ravages, surtout moraux, causés par les descendants de Clovis, car ils avaient compris, comme les occupants actuels de la Kabylie, qu’il suffit de plonger les générations successives dans l’ignorance pour en faire des automates à la merci de tout dirigeant imposteur qui asseoit son autorité, son autoritarisme sur l’aveuglement généralisé.
L’Algérie et le substantif « Algérien », ce n’est un secret pour personne, est une création coloniale française, mais combien sont-ils à le savoir et à connaître la date de naissance de ce pays artificiel créé de toutes pièces pour, précisément, enterrer les identités originelles ?
Le khawawisme, qui n’est pas une récente création, on le doit surtout à tous les Kabyles fondateurs de l’ENA (Étoile Nord Africaine) qui ont mis à sa tête un Messali qui n’avait de rêve que celui de nous effacer, nous Kabyles, d’un trait de plume, en affirmant que l’Algérie arabo-musulmane existe depuis le 7ème siècle. De quoi être abasourdi ! Comment les nationalistes kabyles ont-ils digéré cet incroyable mensonge qui a donné le résultat que nous connaissons depuis 1962 ?
Abane, Krim et consorts ont pu se débarrasser de Messali, mais à notre corps défendant ils ont gardé le messalisme et le drapeau de celui qui, avec ses hordes, avait joué un rôle déterminant dans les tueries et les assassinats de nos aînés pendant la guerre de Kabylie 54/62 contre le colonialisme français, comme le reconnaissait le général Bigeard.
En investissant gros, très gros, dans l’arabrutisation totale depuis le début des années 70, les nouvelles autorités coloniales arabo-obscurantistes ont réussi à réduire la société à sa juste expression, y comprise la société kabyle, qui elle était plutôt pour l’ouverture d’esprit sur l’universalité.
Par balourdise et impéritie, les Algériens, et une partie non négligeable de Kabyles, s’autoproclament arabes avec une une fierté mal placée, mais exaltante et euphorique !
Tous ces déracinés, qui ont repris ce vieux thème de khawawisme, sont dans une hibernation à s’y méprendre.
La méconnaissance de l’histoire et l’ignorance des valeurs universelles ont quasiment désarticulés les cerveaux de ceux qui continuent à croire à des inepties moyenâgeuses, plus que déraisonnables !
Nous en sommes conscients que les mots appuyés, les formules recherchées, les écrits calibrés et les discours bien ficelés ne sont pas suffisants pour éveiller la conscience kabyle dans sa globalité. Qu’à cela ne tienne, nous continuerons à dire, à écrire et surtout à alerter sur les risques que le fleuve khawawiste peut emporter la Kabylie avec ses crues aussi dangereuses qu’un tsunami inarrêtable. Il y va de notre survie…
Ces Kabyles algérianistes sont d’abord un danger pour eux-mêmes, puisque quoi qu’ils en fassent ils sont systématiquement rejetés par ceux à qui ils font de l’à-plat-ventrisme ostentatoire, avilissant, dégradant et déshonorant.
Nous ne sommes pas des Kabyles arrogants pour souhaiter l’écroulement du pays voisin, avec lequel nous sommes appelés à établir des relations politiques et diplomatiques les plus privilégiées. Sauf que face à ces déboutés et extirpés de l’histoire nous n’avons d’autre choix que celui de la libération de la Kabylie, que le colonialisme arabo-obscurantiste tente de plonger dans des ténèbres inavouables et inconcevables.
Songez que dans la deuxième partie du 19ème siècle nous étions à égalité de population entre Kabyles et ces « Arabes » arrachés à l’histoire. Depuis la dite époque, des Kabyles installés en dehors de la Kabylie ont été et/ou se sont arabisés volontairement, ce qui a donné la perte d’une quasi moitié de la population kabyle.
Fort heureusement, nos montagnes ont veillé sur nous et nous ont protégés du déluge qui a emporté une très grande partie des nôtres. C’est une hémorragie qui perdure, malheureusement, et qui continue d’engloutir des pans entiers de ces Kabyles déracinés, qui continuent à suivre comme des moutons de panurge.
Souhaitons-leur d’atteindre leurs objectifs, et souhaitons-nous d’accéder le plus rapidement possible à notre indépendance.
Ce n’est qu’à cette condition sine qua non que nous pourrions nous entendre avec eux, prévoir un avenir clément entre l’État kabyle et nos voisins, sans affrontements, sans haine et sans rancœur…
Heureux qui m’abandonne, il me rend à moi-même. (Henry de Montherlant)
A.T. le 22/09/2019
SIWEL 231200 SEP 19