VIDEO – « c’est la répression raciste d’Alger qui explique l’existence du MAK et non l’inverse » (résumé de l’interview de Mulud At Azdin)

Le porte-parole de l’Anavad (Gouvernement kabyle en exil) s’exprime sans détour sur les préparatifs du congrès extraordinaire du MAK et sur la déclaration d’indépendance de la Kabylie. Un entretien fort, lucide et porteur d’espoir pour tout un peuple.
Tilelli : Le congrès extraordinaire du MAK est prévu le 19 octobre. Pourquoi un congrès extraordinaire ?
Muld At Azdin : Ce congrès n’est pas un simple rendez-vous administratif, c’est un moment décisif dans l’histoire du mouvement kabyle. Convoqué par le président élu Ferhat Mehenni, il vise à consulter directement les militants sur une question claire : sommes-nous prêts à franchir ensemble le pas de la déclaration d’indépendance ?
Cette démarche prouve la maturité politique du MAK. Plutôt que d’imposer une décision, le président a choisi la voie du débat démocratique et de la transparence et c’est tout à son honneur.
Comment s’organisent les préparatifs de ce congrès ?
Tout est mis en œuvre avec sérieux et méthode. Une commission présidée par Reza Saïd, président du Bureau exécutif général du MAK, supervise les préparatifs.
Les militants ont été consultés, leurs questions recensées et regroupées dans un document de quarante pages. Des visioconférences relient désormais toutes les coordinations régionales, garantissant que chaque voix compte.
Le 19 octobre ne sera pas un simple rendez-vous symbolique : ce sera l’expression vivante d’une démocratie kabyle en marche.
Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent ?
Beaucoup veulent comprendre la distinction entre déclaration d’indépendance et indépendance effective. D’autres s’inquiètent des risques face à la dictature militaire algérienne. Ces interrogations sont légitimes, mais elles montrent surtout que les militants ont atteint un haut niveau de conscience politique. Le débat est ouvert, serein et argumenté, à l’image de la Kabylie elle-même.
Quelle différence faites-vous entre la renaissance de l’État kabyle proclamée en 2024 et la future déclaration d’indépendance ?
La renaissance de l’État kabyle a été un acte symbolique et historique : rappeler que la Kabylie fut un État souverain avant son annexion en 1857.
Depuis 15 ans, nous avons reconstruit les fondations d’une véritable structure étatique : l’Anavad, un parlement kabyle, une carte d’identité, un drapeau, et bientôt un pouvoir judiciaire.
La déclaration d’indépendance, elle, est un acte politique fort, un pas concret vers la souveraineté réelle. Cette déclaration est unilatérale et c’est parce qu’Alger refuse toute négociation et nie jusqu’à notre existence. Ce refus nous oblige à affirmer, seuls mais légitimement, notre indépendance.
Certains doutent de la légalité d’une telle démarche. Qu’en est-il ?
Le droit international est clair : tout peuple a droit à l’autodétermination. Aucun texte, aucune résolution de l’ONU ne s’oppose à ce principe.
Nous avons d’ailleurs obtenu en 2024 un avis juridique de Brick Court Chambers, l’un des cabinets les plus respectés au monde, qui reconnaît ce droit pour le peuple kabyle.
Ce qui viole le droit, c’est la répression, les arrestations, la torture et la censure imposées par le régime algérien. La légitimité et la légalité sont de notre côté.
Pourquoi avoir choisi 2025 pour la déclaration ?
Parce que nous avons trop attendu. Après plusieurs appels au dialogue, dont une lettre directe au président algérienTebboune, restés sans réponse, il était temps d’avancer.
2025 est une année stratégique : le monde doit voir que la Kabylie existe, qu’elle incarne des valeurs de liberté, de tolérance et de justice, à l’opposé d’un régime algérien corrompu et classé sur la liste noire du financement du terrorisme.
Notre démarche est légitime, mesurée, et surtout, pacifique.
Certains craignent qu’une telle déclaration entraîne une escalade de violence.
C’est une erreur d’analyse. Notre démarche est profondément pacifique. La déclaration d’indépendance est un acte de raison, pas de guerre.
Nous ne choisissons pas la violence, nous la subissons depuis des décennies. C’est parce que le pouvoir algérien est violent que le MAK est né.
Le MAK existe pour protéger la Kabylie, non pour la mettre en danger. Il est un bouclier politique et moral face à un État militaire qui nie nos droits.
Vous travaillez aux côtés de Ferhat Mehenni depuis longtemps. Quel homme est-il ?
Ferhat Mehenni est un homme d’État dans le sens le plus noble du terme : stoïque, cultivé, visionnaire et profondément humain. Il croit à la jeunesse, à la place des femmes, et à la représentativité des différentes régions de Kabylie.
Sa culture générale impressionne tous ceux qui le côtoient. Lors d’une visite au Sénat français, il citait chaque symbole, chaque figure historique. C’est un homme d’une intelligence rare, un Vav n Teqvaylit, un sage kabyle, dont la lucidité et la hauteur de vue inspirent toute une génération.
Il aurait exprimé le souhait de se retirer en 2027. Que pouvez-vous en dire ?
Il l’a évoqué, mais sa présence reste indispensable. La nouvelle génération doit apprendre à ses côtés, non chercher à le remplacer prématurément. Il n’est pas un “zaïm”, mais un guide, un repère.
C’est lui qui a donné au combat kabyle sa cohérence et sa dignité. Nous lui devons respect et loyauté.
Le plus grand défi aujourd’hui est la structuration financière du MAK. Le mouvement grandit, et il faut des moyens à la hauteur de son rayonnement. Le président en est conscient, et nous travaillons à renforcer ce pilier pour consolider nos actions.
Que répondez-vous aux critiques sur les réseaux sociaux ?
Nous respectons la liberté d’expression, mais il faut distinguer la critique constructive de la haine gratuite. Ceux qui attaquent le MAK sans proposer d’alternative font le jeu d’Alger.
Détruire le MAK, c’est affaiblir la Kabylie. Nous, nous restons concentrés sur l’essentiel : construire, unir et protéger notre peuple.
Un dernier mot ?
Oui. Nous entrons dans une phase décisive. Le document explicatif destiné aux militants sera bientôt suivi d’un livret public pour informer chaque foyer kabyle et chaque chancellerie du monde.
J’appelle à la mobilisation générale. Chaque Kabyle, où qu’il soit, doit devenir l’ambassadeur de cette cause juste.
Le 19 octobre marquera le début d’un nouveau chapitre. Ensemble, unis et déterminés, nous ferons de la déclaration d’indépendance une réalité historique.
nbb,