KABYLIE (SIWEL) — La politique de la paupérisation des populations adoptée par le système colonial algérien en Kabylie depuis des décennies afin de soumettre la région à son dictat et à son projet arabo-islamique a fait que des métiers de la mort telle que la taille de pierres y sont apparus. En effet, plusieurs régions de Kabylie, comme Tala Bouzrou de Makouda, Ait Rhouna d’Azefoune et Iakouren, ont fait de la taille de pierres, un métier qui demande une force physique herculéenne, un gagne-pain et une source de vie permanente pour de nombreuses familles kabyles malgré les risques et les maladies mortelles qu’encourent les tailleurs, exposés longtemps à la poussière.
Ainsi, parmi ces maladies, qui ont fauché de nombreux jeunes kabyles, à fleurs d’âge, on trouve la silicose. Une maladie qui provoque chaque année une dizaine de décès et des dizaines de malades souffrant de complications respiratoires incurables en Kabylie. La silicose est, selon les médecins, une maladie pulmonaire incurable provoquée par l’inhalation de particules de poussières de silice (silice cristalline) qui se trouve dans les mines, les carrières, les percements de tunnel ou les chantiers du BTP. Selon les médecins, les symptômes de cette maladie apparaissent souvent après cinq années d’exposition à la poussière de la pierre taillée et la mort du patient surviendrait après une souffrance qui dure une dizaine d’années. « La silicose est malheureusement incurable et le malade n’a la chance de guérir qu’à travers une greffe pulmonaire.
L’accumulation de la poussière dans les poumons finira par les transformer en véritables pierres » déclare Dr Hamache. Les principales complications avancées par les médecins sont souvent des décompensations respiratoires aiguës secondaires à des pneumothorax souvent bilatéraux et récidivants, à des insuffisances respiratoires chroniques dont les patients sont à 30 % sous oxygénothérapie de longue durée (OLD). Ces malades de silicose se retrouvent, malheureusement, dans l’obligation de subir seuls, chez eux avec leur famille, et pour longtemps, les souffrances de cette maladie incurable du fait qu’ils ne possèdent pas de couverture sociale pouvant leur permettre de poursuivre gratuitement la prise en charge médicale, très couteuse évidemment. Pour les médecins, la taille de pierre est une activité professionnelle suicidaire. Il n’y a aucun traitement curatif mis à part la transplantation pulmonaire, très couteuse chez nous. Les malades sont maintenus en survie grâce à l’OLD. « En tant que diplômé, je suis conscient des dangers que j’encours en exerçant ce métier, plusieurs personnes sont mortes à cause de la silicose dans notre village, mais vu le chômage qui me range depuis maintenant plus de cinq ans je me suis retrouvé dans l’obligation de tailler la pierre, c’est tout ce qu’il y a dans cette région, le pouvoir ne nous a rien fait ici depuis l’indépendance » dit, avec amertume Hakim, originaire de Makouda.
Youva Amazigh
SIWEL 131020 FEV 21